Place des Nations, traité pollution plastique
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© Gregory Cossy/MSF

Notre appel pour l'élimination des plastiques nocifs dans le secteur de la santé

Alors que les négociations sur le traité mondial contre la pollution aux plastiques reprennent ce mois-ci à Genève, Médecins Sans Frontières (MSF) exhorte les gouvernements à prendre des mesures courageuses et fondées sur des données scientifiques pour éliminer l'utilisation des plastiques dangereux dans le secteur de la santé, à commencer par le polychlorure de vinyle (PVC), un matériau encore largement utilisé dans les produits médicaux malgré l'existence d'alternatives plus sûres.

Si les plastiques jouent un rôle essentiel dans la médecine moderne, tous les plastiques ne se valent pas. Le PVC, couramment utilisé en raison de son faible coût et de sa flexibilité, présente de graves risques pour la santé et l'environnement. Sa production et son utilisation reposent sur des additifs chimiques toxiques tels que les phtalates, en particulier le DEHP (le composé chimique qui rend le PVC souple), qui peuvent se retrouver dans le corps des patient·e·s lors d'interventions médicales.

Ces risques sont les plus élevés pour les patient·e·s les plus vulnérables : les nouveau-né·e·s, les personnes en soins intensifs, celles qui reçoivent des transfusions sanguines ou qui dépendent de perfusions intraveineuses et de sondes alimentaires

Dr Maria Guevara, secrétaire médicale de MSF international

Les dangers s'étendent bien au-delà des patient·e·s. La production, l'incinération et l'élimination du PVC libèrent des toxines persistantes, souvent dans des contextes où les ressources sont limitées, comme ceux où MSF intervient, et où les systèmes de gestion des déchets médicaux sont mal réglementés, ce qui aggrave les crises climatiques et environnementales qui touchent les communautés vulnérables à qui MSF vient en aide.

Il existe déjà des alternatives sans PVC pour de nombreux articles à usage unique couramment utilisés. Par exemple, MSF et les systèmes de santé des pays à revenu élevé utilisent déjà des poches de perfusion sans PVC. Cependant, pour d'autres matériels, les alternatives restent limitées ou inabordables en raison de l'absence de production à grande échelle. Si les poches de sang ne disposent toujours pas d'alternatives viables, la plupart des autres produits peuvent être remplacés en toute sécurité.

L'accès à des alternatives plus sûres ne devrait pas être un privilège. Il doit devenir la norme internationale. Un secteur de la santé sans PVC est faisable et vital, pour les patient·e·s, pour les systèmes de santé et pour la planète.

Stephen Cornish, directeur général de MSF Suisse

MSF exhorte les négociateur·rice·s du traité à rejeter les exemptions totales pour le secteur de la santé et à poursuivre plutôt des réformes ciblées et basées sur des preuves. Plus précisément, MSF demande que le traité inclue :

  • Des exceptions limitées dans le temps et basées sur des preuves, uniquement pour les produits médicaux essentiels et pour lesquels il n'existe aucune alternative viable.
  • Une élimination progressive des produits en PVC à haut risque.
  • Obligation de mentionner tous les matériaux afin de permettre des choix d'approvisionnement plus sûrs.
  • Des investissements publics dans la recherche et le développement et la mise à disposition à grande échelle d'alternatives plus sûres et durables.

MSF presse les négociateur·rice·s de saisir cette occasion pour fixer des objectifs clairs en vue de l'élimination progressive des plastiques nocifs dans le secteur de la santé. La priorité doit être donnée à la protection de la santé humaine tout au long du cycle de vie des plastiques, de la production à l'élimination.