Covid-19 en Irak: les hôpitaux de Bagdad saturés

2 patients sous ventilateurs dans une chambre d’hôpital.

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Avec 4000 nouvelles personnes infectées par le coronavirus chaque jour et environ 500 décès dus à la maladie par semaine, la pandémie plonge le système de soins irakien dans une situation alarmante. La capitale, Bagdad, concentre à elle seule près de 30% des cas signalés dans le pays. Les activités liées au Covid-19 menées par MSF depuis le mois de mars en Irak se sont largement intensifiées ces dernières semaines.

« À Bagdad, nous voyons chaque jour de plus en plus de personnes atteintes de la forme sévère du coronavirus » confie le Dr Pedro Serrano Guajardo, un médecin spécialiste des soins intensifs travaille avec MSF.

Engorgement des hôpitaux

À l'hôpital Ibn-Al-Khateeb, l'un des principaux hôpitaux de la capitale prenant en charge les cas de Covid-19, MSF a dispensé des formations sur la prévention et le contrôle des infections au personnel soignant. Les équipes MSF prêtent également main-forte aux autorités sanitaires de la ville en soutenant l'unité de soins respiratoires de l'hôpital Al-Kindy de Bagdad. Les 52 lits, réservés aux patients atteints de la forme sévère du coronavirus, sont désormais tous occupés.

« De nombreux patients sont pris en charge à l'unité de soins respiratoires durant 15 à 20 jours. Parfois, les nouveaux patients sont mis sur liste d'attente pendant deux, voire trois jours, jusqu'à ce qu'ils puissent recevoir le traitement dont ils ont besoin. Au moment où des lits se libèrent, les patients sont souvent à un stade trop avancé de la maladie. C'est affligeant de voir ces personnes attendre qu'un lit soit disponible ou bien de les voir mourir parce qu'il n'y a pas assez d'assistance respiratoire pour tout le monde » poursuit le Dr. Guajardo.

Un patient discute avec une infirmière, sous l’œil d’un de ses proches.

Un patient discute avec une infirmière, sous l’œil d’un de ses proches, dans l'unité de soins respiratoires de l’hôpital Al-Kindy. Baghdad, 23 septembre 2020

© MSF

Stigmatisation de la maladie

Les listes d'attente et les effectifs limités de lits disponibles ne sont pas les seuls facteurs de la dégradation de la situation. La forte stigmatisation sociale associée au Covid-19 dans les communautés engendrerait un déni de la maladie et de l'importance de son traitement. « Certains habitants ne se rendent pas compte de la gravité de la situation et ne prennent pas de mesures de prévention. Ils attendent pour se rendre à l’hôpital et quand ils arrivent, il est parfois trop tard pour les soigner. Nous recevons des cas de détresse respiratoire aiguë et il est très difficile de les traiter à ce stade de la maladie. Je pense que beaucoup de gens ne réalisent la gravité de la situation que lorsqu'un être cher est amené à l'hôpital » explique le Dr. Guajardo.

Soignants en première ligne

Les agents de santé irakiens ont également été très durement touchés par le Covid-19, avec près de 15 000 membres du personnel atteints depuis le début de la pandémie. Cela s'ajoute aux pénuries de ressources humaines déjà existantes dans plusieurs hôpitaux de Bagdad. « Nous essayons de faire de notre mieux pour soutenir les efforts des autorités sanitaires irakiennes dans la lutte contre le virus à Bagdad, même si nos capacités sont limitées. Même avec le nombre élevé de patients que nous voyons en ce moment, nous ne savons pas où nous en sommes sur la courbe de l'épidémie. D'après ce que nous pouvons voir, la situation est profondément préoccupante » déclare Gwenola François, cheffe de mission MSF en Irak. « Nous préparons actuellement avec les autorités sanitaires des moyens de soutien supplémentaires pour les habitants de Bagdad. »