Vacciner, un engagement collectif contre les épidémies

Vaccination contre la rougeole dans le village de Ndjala, RDC. 22 mai 2023

Vaccination4 min

En tant qu’organisation médicale, l’un des outils pour répondre à une épidémie qui se propage est la vaccination. Quand on pense campagne de vaccination, on a l’image du ou de la soignant·e administrant une dose de vaccin à la chaîne. Mais pour que cela se concrétise, cela nécessite un travail en amont et en aval bien plus large que le seul acte de vacciner. Découvrons comment avec Primitive Gakima, référente vaccination MSF.

Informer et prévenir

La pandémie de Covid-19 nous a ouvert les yeux sur le fait que la moindre maladie contagieuse, en absence de vaccin, peut prendre des proportions démesurées et devenir incontrôlable. En 2022, ainsi que cette année, nos équipes ont répondu à une multitude d’épidémies de maladies, dont certaines évitables grâce aux vaccins. L’impact très fort que le Covid-19 a eu sur l’offre de soins, dont fait partie la vaccination, explique en partie ce volume d’activités MSF en réponse aux épidémies. En quelques mots : les vaccinations de routine, qui se font hors épidémie, ont été interrompues ou très limitées à cette période. Les conséquences sont visibles aujourd’hui, notamment pour des maladies qui avaient quasiment disparu comme la diphtérie. C’est pour cela qu’il est vital de s’occuper de la prévention. Un vaccin peut faire peur par méconnaissance. C’est pourquoi, durant les campagnes de vaccination, avec le support de nos équipes de sensibilisateur·rice·s, nous travaillons d’arrache-pied à informer sur le fonctionnement d’un vaccin et la vaccination à venir (lieu et jour), répondre aux questions et rassurer les populations. Le vaccin, une fois dans le corps, va pousser le système immunitaire à créer des anticorps pour le protéger dans le futur en cas de présence d’un virus ou d’une bactérie. Lors d’un prochain contact avec un agent pathogène, le corps le reconnaitra et pourra mobiliser cette arme préalablement créée pour l’éliminer.

Vacciner de grandes populations

Pour obtenir un résultat efficace on doit vacciner de très grandes populations. Car seule l’immunité collective protège celles et ceux qui n’auraient pas été vacciné·e·s ou qui n’auraient pas réussi à développer leur immunité. On vise donc toujours que 90 à 95 % d’une population soit vaccinée. Afin d’établir ce chiffre précisément, on fait une enquête de couverture vaccinale après coup. Nos équipes collectent donc des données avant, pendant et après. Les membres du personnel logistique ont aussi une place clé, de la commande auprès du ministère de la Santé ou d’autres organisations ou entreprises jusqu’à l’acheminement des doses et du matériel dans des villages reculés.

Plaidoyer MSF

Une contrainte importante est la disponibilité des vaccins. Pour cela MSF et la campagne d’accès aux médicaments essentiels ont un rôle à jouer. Nous nous mobilisons pour que des doses soient disponibles en cas d’épidémies, ainsi qu’en dehors, pour pouvoir faire des campagnes préventives contre des maladies que l’on sait endémiques. Prenons l’exemple du programme élargi de vaccination lancé par l’Organisation mondiale de la Santé qui vaccine les enfants en général jusqu’à un an. Etant donné la vulnérabilité des enfants à certaines maladies contagieuses (comme la rougeole) en tous cas jusqu’à l’âge de cinq ans, MSF pousse pour que les groupes cibles ne s’arrêtent pas aux enfants d’un an mais aillent jusqu’à celles et ceux de cinq ans. Nous sommes très actif·ve·s par exemple pour plaider auprès de Gavi (organisation internationale qui travaille à améliorer l’accès aux vaccins dans les pays les plus pauvres) et d’autres entités pour que davantage de moyens soient investis dans la prévention des maladies évitables par la vaccination et qui engendrent des taux de mortalité très élevés. Nos activités de plaidoyer s’adressent aussi aux Etats et ministères de la Santé pour, par exemple, accélérer les processus d’autorisation de nouveaux vaccins homologués. Autre exemple : le choléra.

Aujourd’hui, nous disposons de doses uniquement pour répondre aux urgences, et non pour prévenir les épidémies. Pourtant, dans les zones endémiques, dans des camps de personnes déplacées ou réfugiées où les conditions de vie sont le plus souvent désastreuses, les conditions sont favorables à la propagation du choléra. Nous plaidons donc pour que des vaccins contre cette pathologie soient disponibles avant qu’une épidémie ne se déclare. Enfin, étant donné les terrains sur lesquels nous travaillons, nous faisons de la recherche opérationnelle afin de prouver que des vaccinations sont réalisables même dans des conditions compliquées. C’était le cas en 2018 pour le vaccin Ebola, ou plus récemment pour la mise en œuvre d’une campagne de vaccination contre l’hépatite E au Soudan du Sud l’année dernière. Ces petits pas ouvrent de grandes perspectives quant à la gestion d’épidémies futures, et nous sommes heureux·euses d’y contribuer !