MSF appelle à une aide internationale urgente pour les réfugié·e·s soudanais·e·s au Tchad, alors qu'une crise majeure se profile

Des réfugiés soudanais tentent de puiser de l'eau dans l'oued près du camp d'Ourang, car la distribution d'eau dans les camps est rare.

Soudan du Sud5 min

Alors que la population continue de fuir le conflit au Soudan, plus de 358 000 réfugié·e·s sont arrivé·e·s à la ville frontalière d'Adré, dans l'est du Tchad. Des camps de réfugié·e·s sont en construction, mais les abris et les installations de base disponibles sont inadéquats pour répondre aux besoins des personnes qui affluent. Médecins Sans Frontières (MSF) appelle la communauté internationale et les organisations humanitaires à répondre d'urgence aux besoins essentiels des personnes cherchant à fuir le conflit, afin d'éviter une situation catastrophique.

« Nous sommes présent·e·s dans trois camps de réfugié·e·s ici, où environ 2 000 réfugié·e·s arrivent chaque jour », explique Susanna Borges. « Les camps existants dans cette zone sont déjà pleins à craquer, tout comme les abris temporaires de transit. Les gens sont donc transféré·e·s vers d'autres endroits, loin de la ville, où de nouveaux camps sont encore en construction », poursuit Susanna Borges. 

Ces camps ne sont pas prêts à accueillir toutes les personnes qui y ont été relogées. Elles sont donc exposées au soleil et à la pluie, et ne disposent pas de suffisamment de nourriture, d'eau et même de matériel de cuisine. Les besoins sont énormes et les ressources très limitées

Susanna Borges, coordinatrice d'urgence MSF au Tchad

À Adré, le seul camp, Camp École, compte 150 000 réfugié·e·s. MSF soutient un service pédiatrique de 250 lits à l'hôpital d'Adré. Une clinique MSF de 38 lits est gérée dans le camp École, avec une ambulance pour le transport des patient·e·s. La clinique ne désemplit pas, avec une moyenne de 400 consultations par jour. Le taux de malnutrition est alarmant. Dans le camp École, 351 patient·e·s souffrant de malnutrition ont été enregistré·e·s, mais certain·e·s d'entre eux/elles ne peuvent pas poursuivre leur traitement car ils/elles ont été déplacé·e·s. Nos équipes tentent de les retrouver, mais la rapidité de la relocalisation rend la tâche très difficile.

Nos équipes ont installé trois puits dans le camp École et d'autres seront installés au fil du temps si le nombre de personnes qui traversent la frontière continue d'augmenter. De l'eau potable est distribuée par camion dans les camps, mais l'ampleur des besoins est bien supérieure à ce que MSF est en mesure de fournir seule. La pénurie d'eau dans les camps d'Ambelia et d'Ourang oblige les gens à faire la queue dès 2 heures du matin avec leurs jerrycans.

La saison des pluies est arrivée au Tchad, ce qui entraîne une augmentation considérable du paludisme, et il devient très difficile d'atteindre les zones touchées. En une semaine, la clinique MSF de Camp École a enregistré 956 cas de paludisme, soit près de trois fois plus que la semaine précédente.

« Les gens arrivent dans des situations sanitaires très préoccupantes, parce qu'ils n'ont pas accès à la nourriture et vivent dans des conditions très précaires », explique Trish Newport, responsable des urgences à MSF Genève. 

Avec toutes ces pluies, nous savons, pour avoir travaillé dans des crises similaires, qu'il y a un risque de maladies diarrhéiques comme le choléra. Dans de telles conditions, nous sommes extrêmement préoccupé·e·s par les épidémies qui pourraient survenir si la réponse humanitaire n'est pas renforcée urgemment

Trish Newport, responsable des urgences à MSF Genève

Dans un pays où un million de personnes vivaient déjà en tant que réfugié·e·s ou avaient été déplacé·e·s à l'intérieur du pays, cette dernière vague de réfugié·e·s en provenance de l'ouest du Soudan a mis à rude épreuve les ressources disponibles. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté à Adré et la plupart des nouveaux arrivant·e·s n'ont pas les moyens d'acheter de la nourriture. Cette situation affecte également la population locale, dont le coût de la vie a augmenté alors que les revenus stagnent.

Réfugiés soudanais photographiés sur un site de distribution d'eau de MSF dans l'est du Tchad.

Réfugiés soudanais photographiés sur un site de distribution d'eau de MSF dans l'est du Tchad.

© MSF

Les bailleurs internationaux doivent absolument mobiliser des ressources pour combler le déficit d'aide humanitaire. MSF appelle la communauté internationale à fournir d'urgence des abris, de la nourriture, de l'eau, des installations sanitaires, des soins de santé et des services de protection aux milliers de personnes qui ont fui des niveaux de violence indescriptibles et ont perdu leur maison, leurs moyens de subsistance et leurs proches au Soudan. Une réponse humanitaire rapide et suffisante est leur seul espoir de survivre à une nouvelle catastrophe.