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Tchad : MSF relève des défis logistiques pour vacciner près de 500 000 personnes contre la diphtérie
Tchad 4 min
Cette famille a dû parcourir 65 kilomètres en ambulance sur une piste cahoteuse pour accéder à l’hôpital. Même dans le meilleur des cas, ce n'est pas une mince affaire au Tchad, car les moyens de transports motorisés sont rares et coûteux. Le personnel médical a pu sauver la mère et les deux ainés, mais le plus jeune, arrivé trop tard à l’hôpital, est décédé dans les jours qui ont suivi.
La diphtérie – dont les symptômes sont le gonflement du cou, des difficultés respiratoires et de la fièvre – est causée par une bactérie qui sécrète une toxine très dangereuse. Dans les cas les plus graves, elle peut entraîner la défaillance de plusieurs organes et la mort, en particulier chez les enfants présentant des maladies associées.

Maryam et sa mère ont marché plus de cinq kilomètres depuis leur village pour se rendre au marché hebdomadaire de Mantcharné. Après avoir été informées par l'équipe de vaccination sur place, elles ont accepté de recevoir le vaccin contre la diphtérie.
Pour répondre à cette épidémie et freiner la propagation de cette maladie qu’on croyait contrôlée par les vaccinations précédentes, MSF est venue en appui au ministère de la Santé publique et de la prévention, soutenant la surveillance, la prise en charge des cas, ainsi que la vaccination d’environ 500 000 personnes à travers deux régions arides – une prouesse logistique.
Prise en charge au plus tôt
Dans l’unité de prise en charge à l'hôpital d’Ati, Daoud Mahadi, un garçon de 11 ans, se remet lentement. Sa mère l’a amené plusieurs jours après l'apparition des symptômes.
« Les médicaments traditionnels, que nous utilisions faute de mieux, ne faisaient rien pour améliorer son état. Je voyais mon enfant s'affaiblir de jour en jour. Il ne pouvait plus rien avaler, pas même de l'eau », explique-t-elle. Daoud est arrivé à l'hôpital dans un état de dénutrition très avancé, ne pesant qu'une quinzaine de kilos.
Le manque de connaissance sur la maladie, l’accès limité aux soins et aux traitements sont des obstacles majeurs au Tchad. MSF a soutenu les hôpitaux d’Ati (Batha) et de Moussoro (Barh-El-Gazel), formé du personnel et renforcé les centres de santé périphériques. Plus de 1 600 patientes et patients ont été traités depuis octobre 2024, dont 700 cas graves.
En parallèle des activités médicales, une vingtaine de forages ont été réhabilités dans les districts de Moussoro et de Chaddra (Barh-El-Gazel) afin d’améliorer l’accès à l’eau potable et prévenir les maladies liées à l’eau.
Vacciner : un défi logistique
Pour pallier la faible couverture vaccinale, qui a conduit à une résurgence de la diphtérie dans ces régions du pays, MSF a soutenu les autorités sanitaires dans une campagne de vaccination de masse visant 300 000 personnes dans la province de Batha et 200 000 dans celle de Barh-El-Gazel. Cette campagne a consisté à localiser et à vacciner les communautés éloignées et isolées, y compris celles nomades, en s’efforçant de garantir le deux rounds de vaccination nécessaires pour être protégé contre la diphtérie.
L’accès difficile aux communautés, qui vivent souvent éloignées dans des zones sans routes praticables, a été un défi majeur. Pour y faire face, MSF a mis en place un important dispositif logistique en employant une centaine de motos et de véhicules tout terrain pour permettre aux agents vaccinateurs d’accéder à ces zones.
Les vaccins contre la diphtérie doivent être conservés à une température comprise entre 2° C et 8° C.
Transporter des vaccins tout en maintenant la chaîne du froid dans un climat désertique où les températures peuvent atteindre 45° C est un immense enjeu. Nous avons accompli un véritable exploit logistique, particulièrement dans un contexte où l’infrastructure sanitaire est très limitée, et l’approvisionnement électrique n’est pas stable.
Pour atteindre les communautés nomades au Batha, MSF et le ministère de la Santé Publique et de la Prévention ont adopté la stratégie One Health, en partenariat avec le ministère de l’Elevage. Cette approche intégrée de santé humaine-animale-environnement a permis d’atteindre les éleveurs nomades lors de la vaccination de leurs troupeaux. Elle a renforcé la confiance et permis d’accroître la couverture vaccinale.
Une vigilance à maintenir
Dès 2023, MSF avait alerté sur la résurgence inquiétante de la diphtérie en Afrique de l'Ouest. La protection contre cette maladie repose sur les programmes de vaccinations de routine, fortement perturbés après la pandémie de Covid-19, notamment par le manque de financement et de ne plus faire de la vaccination une priorité.
Afin de garantir la détection et prévention de cette maladie, MSF continuera de plaider pour que les systèmes de surveillance et des programmes de vaccination soient renforcés.