MSF dénonce un environnement dangereux dans le camp d'Al-Hol suite au meurtre d’un membre de son personnel
© Ricardo Garcia Vilanova
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Suite au meurtre d'un de ses employés et aux violences physiques subies par trois autres dans le camp de personnes déplacées d'Al-Hol, au nord-est de la Syrie, l'organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) exprime son choc et sa tristesse face à ces graves incidents, et ses profondes préoccupations quant à l'insécurité à laquelle sont confrontés les résidents du camp, dont les deux tiers sont des enfants.
Dans la nuit du 24 février, un membre de l'équipe de MSF a été tué dans la tente dans laquelle il vivait. Trois jours plus tard, l'enfant d'un autre membre du personnel est mort, et trois membres du personnel ont été blessés, lors d’un incendie accidentel survenu alors qu’un mariage avait lieu dans le camp.
« Dans la nuit du 24 février, notre collègue était en famille lorsqu’ils ont été tués », explique Will Turner, responsable des urgences MSF pour la Syrie. « Nous essayons de mieux comprendre la situation et les circonstances de leur mort. MSF apporte son soutien à la famille endeuillée pendant cette période difficile, et nous adressons nos plus sincères condoléances à celle-ci ainsi qu’aux amis de notre collègue. »
Le deuxième incident s'est produit dans la soirée du 27 février. Un incendie s'est déclaré dans une tente où des personnes étaient rassemblées pour célébrer un mariage. Un enfant avait renversé un chauffage au diesel par accident.
L'incendie s'est propagé jusqu’aux tentes voisines. Au moins sept personnes ont été tuées dans l'incendie, dont la fille de quatre ans d'un membre du personnel de MSF. Une trentaine de personnes ont été blessées, dont trois membres du personnel de MSF et plusieurs membres de leur famille. De nombreux blessés ont été emmenés dans les hôpitaux de la ville d'Al-Hassakeh pour être soignés, bien que la confusion règne quant à savoir qui a été envoyé à quel hôpital et que le nombre total de blessés reste inconnu.
« Je veux juste savoir où se trouve mon enfant », a déclaré l'un des membres du personnel de MSF soigné à Al-Hassakeh, qui n'a pas pu obtenir d'informations sur l’état de santé des autres membres de la famille blessés. « Je pense tout le temps à ma famille. »
Une situation insoutenable
La situation en termes de sécurité et de sûreté dans le camp d'Al-Hol est inacceptable, et ce, depuis deux ans. Cette année, la situation s'est encore détériorée, avec plus de 30 meurtres depuis janvier. La plupart des personnes tuées ont été visées par des armes à feu, d'autres ont été tués par des balles perdues, par des attaques au couteau ou encore lors d’accidents évitables.
Les gens sont tués à une fréquence brutale, souvent au sein même des tentes où ils vivent
Au cours de la seconde moitié du mois de janvier, quatre personnes touchées par balles lors de deux incidents distincts, dont une mère et son enfant, ont été accueillies dans une clinique MSF du camp qui soigne les enfants souffrant de malnutrition.
En raison de l'aggravation de la situation sécuritaire à Al-Hol, MSF a été contrainte de suspendre temporairement ses activités de proximité dans le camp, notamment les soins médicaux dispensés au sein des tentes, ainsi que certaines activités relatives à l’approvisionnement et à l’assainissement de l’eau.
Ces récents incidents tragiques démontrent le coût humain de la violence et des conditions dangereuses dans lesquelles vivent les résidents du camp d’Al-Hol. Celui-ci est sous le contrôle des autorités locales et de forces de sécurité, qui empêchent la plupart des résidents de quitter le périmètre du camp.
« Beaucoup de ceux qui ont été tués laissent derrière eux des enfants qui n'ont personne d'autre pour s'occuper d'eux. Les autorités ont la responsabilité d'assurer la sécurité des personnes, à tout moment. Ce n'est pas un environnement sûr et certainement pas un endroit approprié pour que les enfants puissent grandir. Ce cauchemar doit cesser » déclare Will Turner.
MSF appelle la communauté internationale et les pays dont des citoyens vivent dans le camp d'Al-Hol, à prendre la responsabilité de trouver des solutions à plus long terme pour le bien des résidents du camp - des solutions qui doivent être volontaires et conformes aux normes juridiques internationales, y compris le droit international humanitaire et les droits humains.
© Ricardo Garcia Vilanova