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Au lendemain du séisme : le quotidien des habitant·e·s de la région du lac Inlé au Myanmar
Myanmar 4 min
C’était jour de marché à Nam Pam, lorsqu’à très exactement 12h50, la terre a tremblé pendant plus de deux minutes trente.
Ma Thazin : « Nous n’avions nulle part où nous enfuir, puisque nous vivons sur le lac »
« Lorsque le séisme a frappé, mon mari et moi étions en train de nous reposer à la maison après le marché. Après la première secousse, nous avions pensé que c’était fini, mais cela a continué. Tout tombait dans la maison : c’était le chaos total. J’ai trébuché en tentant de courir, mon mari m’a relevé et nous nous sommes agrippés à deux poutres en bois alors que notre maison entière coulait. Nous avons finalement réussi à atteindre notre bateau.
Nous sommes revenus vers notre maison une heure plus tard avec l’espoir de pouvoir récupérer quelque chose. Tout avait coulé. Ce jour-là, nous n’avons rien bu ou mangé. Tout le monde pleurait, personne ne pouvait aider personne, car nous traversions tous la même situation.
La veille, j’ai aperçu des oiseaux voler en cercle autour de notre village alors que je rentrais de chez un ami. Je me suis dis que quelque chose de mauvais allait arriver à notre village.
Je n’ai jamais vécu un séisme aussi puissant de ma vie. Je n’arrivais plus à dormir et restait éveillée jusqu’à deux heures du matin chaque nuit pendant les 15 jours qui ont suivi. J’ai accroché une lampe et déposé une bouteille d’eau près de moi pour réaliser rapidement en cas de nouveau tremblement de terre. Nous avons eu de la chance que celui-ci frappe en plein jour et pas au milieu de la nuit, sinon nous serions tous et toutes mort·e·s.
Le plus dur et de ne pas avoir d’endroit où vivre. J’aimerai être avec mes proches : mon mari et sa famille. Actuellement, je vis sur l’eau avec mon mari dans la maison d’un de ses proches alors que mes beaux-parents ont trouvé refuge dans un monastère sur la terre ferme. Je pensais que les tremblements de terre n’arrivaient que sur la terre ferme et pas sur l’eau : j’avais tort. J’aime vivre sur le lac, mais lorsqu’une catastrophe pareille nous frappe, il n’y a nulle part où aller. »
Distribution de matériel de construction organisée par les équipes de Médecins Sans Frontières.
Daw May Lwin : « Après le séisme, je me suis sentie épuisée, incapable de faire quoique ce soit et en constante arythmie cardiaque »
« Le jour du séisme, seule ma mère de 89 ans et moi étions à la maison. Je faisais la lessive près de la tour d’eau, lorsque l’eau s’est mise à trembler légèrement. Peu après, la tour d’eau a explosé et j’ai été propulsée dans l’eau. Alors que je me débattais pour rester à la surface, l’eau devenait épaisse à cause de la boue et des débris. Plus je me débattais, plus je me noyais. Mais j’ai eu énormément de chance : j’ai réussi à m’en sortir.
Ma mère est paraplégique depuis 13 ans et ne peut pas se déplacer sans aide. Lorsque mon mari et moi avons réussi à rejoindre notre maison après le séisme, nous avons pu réveiller ma mère qui s’était évanouie. Par chance, elle se trouvait au premier étage de notre maison, et c’est le deuxième étage qui a été le plus durement touché et s’est effondré.
Nous avons perdu notre ferme aquatique, notre maison et deux bateaux lors du séisme. En fonction des saisons, nous cultivions soit des aubergines ou des tomates. Avant le séisme, nos aubergines étaient prêtes à être cueillies, mais tout a été ravagé par le séisme. 80 hectares de nos cultures ont été emportées. Jusqu’à présent, nous n’avons pas pu reconstruire notre ferme, car ma mère ne peut pas rester seule. Notre ferme était notre principale source de revenus, et maintenant elle a disparu.
Tant l’incertitude quant à notre avenir que le traumatisme lié au séisme sont oppressants. Je souffre physiquement et psychologiquement. Je me sens épuisée, incapable de faire quoique ce soit et constamment en arythmie cardiaque. Je ne peux pas marcher normalement car je perds l’équilibre. Pendant 20 jours, je n’arrivais plus à m’exprimer correctement.
J’aimerais réparer notre maison aussi vite que possible, avant l’arrivée de la mousson. Toute ma famille, cinq personnes, vit actuellement chez mon oncle. »
Le séisme a réduit considérablement la mobilité de la population, l’approvisionnement en eau potable a été interrompu et les efforts de reconstruction sont ralentis par les difficultés d’accès et la hausse des prix des matières premières. Nos équipes interviennent dans quatre villages sur le lac en rétablissant l’accès à l’eau potable, en fournissant des matériaux de construction et des denrées non-alimentaires essentielles.