Bordeaux, 29.05.2014
Bordeaux, 29.05.2014
© MSF

Innovation : trouver des solutions pour favoriser l’accès aux soins

Pour MSF, l’innovation ne passe pas uniquement par des avancées techniques, mais signifie aussi travailler au développement d’outils plus adaptés aux terrains d’intervention. Peu importe le contexte, notre priorité est de favoriser l’accès aux soins pour ceux qui en ont besoin.

Activités principales

  • Recherche médicale et essais cliniques
  • Innovations techniques
  • Nouvelles stratégies et modes opératoires

 

Investir dans la recherche médicale

Afin de répondre aux besoins spécifiques des patients, MSF s’associe à des instituts de recherche pour mener des essais cliniques et ainsi participer à la recherche dans le domaine médical, biomédical et pharmaceutique. Des unités d’innovations soutiennent l’intégration de recherches cliniques sur le terrain.

En République centrafricaine et plus récemment au Nigeria, les équipes utilisent des tablettes « E-care ». Ces appareils, simples d’utilisation, sont dotés de programmes qui permettent de guider les soignants dans le diagnostic ou de faciliter l’évaluation du statut vaccinal lors des campagnes de vaccinations.

Même si dans les pays riches, l’intérêt des vaccins tend à être remis en question par des sceptiques, la prévention est souvent l’unique manière de sauver des vies lorsque les soins sont difficilement accessibles. Presque chaque année, des avancées importantes modifient les pratiques et permettent d’améliorent la réponse aux épidémies, grâce notamment à des partenariats avec des instituts de recherche. En 2017, une étude menée au Niger a prouvé l’efficacité d’un nouveau vaccin contre le Rotavirus, une maladie qui tue plus de 1 300 enfants par jour dans le monde. 

Le nouveau vaccin est thermostable et son prix devrait également être abordable pour les gouvernements et les populations. Cela en fait une avancée majeure pour les patients des pays à revenus faibles.

Dr Rebecca Grais, Directrice de l’essai clinique à Epicentre

En parallèle de la prise en charge de la malnutrition et du paludisme, des stratégies préventives ont aussi été menées à large échelle dans le Sahel pour réduire la mortalité des enfants face aux crises chroniques. Dans ce domaine, MSF a été une des premières organisations à mettre en place des campagnes préventives de chimio-prévention du paludisme saisonnier. Le dépistage précoce du paludisme, au niveau communautaire, et l’implication des mères dans la détection des signes de la malnutrition, ont un grand impact sur le délai de prise en charge, qui fait parfois la différence entre la vie et la mort d’un enfant. 

Lorsque la disponibilité des vaccins contre le choléra était faible au niveau mondial, les organisations sanitaires étaient contraintes de choisir leurs interventions – et donc laisser des populations entières dépourvues de cette protection efficace. Une étude menée par MSF avait alors prouvé qu’une dose unique distribuée à deux fois plus de personnes au moment d’une épidémie ralentissait sa propagation.

A Dadaab au Kenya, MSF teste ainsi la résistance de l’insuline aux conditions des pays chauds. Les traitements pourraient alors être conservés à domicile et ainsi éviter aux malades de se déplacer fréquemment jusqu’aux centres de santé.
L’innovation permet aussi de développer des nouveaux traitements, moins longs et moins contraignants pour les patients. Au Myanmar par exemple, un traitement oral a été développé pour remplacer les injections dans l’œil pour venir à bout de la rétinite à cytomégalovirus, coïnfection fréquente du VIH.

La recherche et le plaidoyer pharmaceutique sont des outils indispensables pour pousser les entreprises à développer des traitements génériques ou des combinaisons de molécules permettant d’accélérer la durée du traitement ou de réduire leurs coûts. Très récemment, l’initiative DNDi, « des médicaments pour les maladies négligées » a annoncé l’efficacité d’un traitement contre l’hépatite C qui ne coûte que 300 dollars, contrairement aux dizaines de milliers de dollars qu’il fallait débourser pour le traitement existant. Un nouvel espoir pour les 71 millions de personnes vivant actuellement avec l’hépatite C.

Des nouveautés techniques au service de l’humanitaire

Mais la recherche de nouveaux traitements n’est pas la seule façon d’améliorer les soins. Pour trouver des solutions techniques aux défis rencontrés sur le terrain, MSF a développé un partenariat sur plusieurs années avec l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). Cela signifie parfois revenir à du matériel mécanique, plus facile d’utilisation, plus facilement réparable et moins dépendant des sources d’énergies. Un travail de recherche a ainsi été initié avec l’EPFL pour développement des couveuses capables de fonctionner en autonomie en cas de coupures d’électricité. Sur les projets, des panneaux photovoltaïques remplacent de plus en plus les sources d’approvisionnements électriques classiques.

MSF continue d’intégrer les retours d’expériences de la plus grande épidémie d’Ebola de l’histoire. Une nouvelle combinaison personnelle de protection a été développée par l’EPFL. Celle-ci permet de palier à l’inconfort lié à la chaleur et la buée, qui réduisait le temps passé par les équipes auprès des patients. La nouvelle combinaison, aérée, permet une meilleure visibilité et elle est réutilisable.

Les équipes travaillent également aux développements d’outils plus adaptés aux terrains d’intervention. Suite au séisme de janvier 2011 à Haïti, MSF développé une Unité chirurgicale à déploiement rapide (RDSU), permettant aux équipes de monter un hôpital gonflable, disposant de capacités chirurgicales, en moins de 36 heures. La structure a été pensée pour être facilement transportée, en particulier lorsque les routes sont coupées.

Développer des stratégies innovantes

Le développement de nouvelles approches ou stratégies permet de mieux répondre aux besoins des patients. Aller au plus près des communautés pour mieux s’inséré dans leurs habitudes de santé, intégrer la notion de soins dans le traitement des patients et rendre le patient acteur de leur guérison.

Des avancées majeures ont lieu dans la lutte contre les maladies invisibles comme le VIH/sida et la tuberculose sans qu’elles ne soient systématiquement relayées par la presse mondiale. MSF s’efforce d’améliorer les pratiques médicales en adaptant les protocoles aux besoins des patients.

Au Mozambique ainsi qu’au Swaziland, des pays qui présentent des taux de prévalence du VIH très élevés, MSF met en place des approches innovantes pour dépister et mettre sous traitement le plus grand nombre de personnes possibles. Au Swaziland, où une personne sur trois est infectée, MSF met en place de nouvelles stratégies de prévention et de traitement dans le but de les faire adopter dans le programme national, et ainsi démultiplier leur effet. En 2018 par exemple, l’accent a été mis sur le dépistage des jeunes adultes et des communautés vivant dans des zones reculées, dont une partie ne connaît pas sa séropositivité. Parmi les méthodes plébiscitées, MSF prend part aux coutumes locales dans le but d'atteindre les communautés rurales. Elle propose aux personnes d'être testées sur place et distribue des nouveaux kits de dépistage du VIH à domicile, que les personnes peuvent faire elles-mêmes après une séance avec un conseiller. MSF a également commencé à distribuer une prophylaxie à base d’antirétroviraux à prendre au quotidien pour les personnes particulièrement exposées au VIH comme les couples séro-discordants. Il y a quelques années, la stratégie de mise sous traitement antirétroviral à vie des femmes enceintes séropositives –initiée par MSF – avait été reprise par le ministère de la Santé.

De nouvelles stratégies sont aussi développées autour de la tuberculose (TB), maladie opportuniste fréquente pour les personnes vivant avec le VIH. A l’origine d’1,7 million de morts en 2016, la tuberculose est l’une des dix principales causes de mortalité dans le monde selon l’OMS. Et le pays compte une des plus fortes prévalences au monde. Dans les zones rurales, des membres de la communauté ont été formés par MSF pour devenir des personnes support pour le traitement de la TB. Au Kirghizstan également, la décentralisation des soins permet de n’admettre à l’hôpital que les patients dans des conditions sévères. Un grand nombre de personnes peuvent poursuivre leur traitement à domicile, entourés de leurs proches. Le soutien de la communauté, et l’investissement du patient dans le traitement de sa maladie, permet d’augmenter les chances de guérison.