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Instrumentalisation de l'aide et système de santé en péril : Gaza est asphyxiée par Israël
Palestine 4 min
« La décision des autorités israéliennes d'autoriser l'entrée d'une quantité ridiculement insuffisante d'aide à Gaza après des mois d'un siège hermétique ne sert qu’à éviter l'accusation d'affamer les habitants et habitnates de Gaza, tout en permettant à peine leur survie », déclare Pascale Coissard, coordinatrice d'urgence de MSF à Khan Younes.
Ce plan est une façon d'instrumentaliser l'aide, d'en faire un outil au service des objectifs militaires des forces israéliennes.
Avant octobre 2023, 500 camions d'aide entraient chaque jour dans la bande de Gaza, selon les Nations unies. L'autorisation actuelle de 100 camions par jour, alors que la situation est si critique, est tout à fait dérisoire.
Pendant ce temps, les ordres d'évacuation continuent de déraciner la population, tandis que les établissements de santé sont soumis à des attaques intensives.
Le 19 mai au matin, les équipes de MSF ont rapporté avoir entendu près d'une frappe par minute à Khan Younes, entre 6h et 6h30. L'une de ces frappes a touché l'enceinte de l'hôpital Nasser, à 100 mètres de l'unité de soins intensifs et du service d'hospitalisation gérés par MSF. C'est la troisième fois en deux mois que l'enceinte de l'hôpital Nasser est frappée, privant une fois de plus les gens de traitements et de soins. Pour réduire l'exposition, nos équipes ont été contraintes de fermer temporairement le service de consultations externes et la salle de sédation pour les patients en attente ou en convalescence, ainsi que de suspendre les activités de physiothérapie et de santé mentale, qui sont essentielles pour les patients brûlés, dont la plupart sont des enfants.
La frappe d'hier a également gravement endommagé la pharmacie du ministère de la santé à l'hôpital Nasser. Cela accroît la pression sur les approvisionnements à un moment où les stocks de médicaments sont extrêmement bas en raison du siège.
Dans le cadre de l'expansion de leurs opérations terrestres, les forces israéliennes ont émis des ordres d'évacuation à grande échelle, limitant encore davantage l'accès des personnes aux soins médicaux et la capacité de MSF à les fournir. Le 19 mai, par exemple, un ordre d'évacuation couvrant la quasi-totalité de la partie est de Khan Younes, à la limite de l'hôpital Nasser, a forcé les gens à se déplacer immédiatement vers la zone d'Al Mawasi.
Le groupe de gestion des sites de déplacés estime que plus de 138 900 personnes ont été déplacées de force entre le 15 et le 20 mai. L'intensification des bombardements israéliens et les ordres d'évacuation à travers Khan Younes ont contraint MSF à ne maintenir que les activités vitales dans les salles d'urgence des cliniques Al Attar et Al Mawasi. Depuis lundi, la clinique Al Hakker, à Deir Al Balah, est également fermée. Auparavant, les équipes de MSF assuraient plus de 350 consultations par jour pour des soins pédiatriques, prénataux et postnataux, des premiers soins psychologiques et des traitements nutritionnels ambulatoires, entre autres.
Quelques jours plus tôt, le 15 mai, les autorités israéliennes ont émis un ordre d'évacuation du centre de soins de base Sheikh Radwan dans la ville de Gaza, ce qui a entraîné la fermeture de l'établissement. Auparavant, avec le soutien de MSF, les équipes du ministère de la Santé assuraient environ 3 000 consultations par jour dans une zone comptant environ 250 000 habitants. Il s'agissait de la dernière clinique publique de soins de santé de base entièrement fonctionnelle dans la région.
Selon le ministère de la Santé, suite au siège de l'hôpital indonésien, tous les hôpitaux publics du nord de Gaza sont désormais hors service. L'hôpital de campagne de MSF à Deir Al Balah a vu sa capacité d'accueil augmenter de 150 % au cours des derniers jours, ce qui l'a contraint à recruter du personnel supplémentaire et à augmenter sa capacité de base de 20 lits. Selon l'ONU, il y a actuellement environ 1000 lits d'hôpitaux fonctionnels dans la bande de Gaza, alors qu'avant la guerre, la capacité d'accueil était de 3500 lits.
Les attaques contre les civils et les soins de santé doivent cesser maintenant et les biens de première nécessité doivent entrer à Gaza en quantités suffisantes, de manière à atteindre ceux qui en ont besoin. Les alliés d'Israël doivent faire pression pour une entrée massive de l’aide de toute urgence. Chaque jour perdu renforce leur complicité dans l'anéantissement de la population de Gaza.