Méditerranée centrale: MSF repart en mer

Le M/V Geo Barents, dans le chantier naval de Fiskarstrand en Norvège

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Médecins Sans Frontières (MSF) relance ses activités de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale pour sauver la vie des personnes qui tentent la mortelle traversée en mer depuis la Libye.

Depuis 2015, les équipes médicales de MSF travaillant sur les navires de recherche et de sauvetage ont assisté avec horreur à la tragédie humaine qui se joue aux portes de l'Europe, alors que des milliers de gens se noient en mer ou sont renvoyées de force en Libye dans d’horribles conditions. 
Cette fois, MSF affrète son propre navire, le Geo Barents, pour secourir les personnes en danger et leur fournir des soins médicaux d'urgence.

Notre retour en mer est le résultat direct des politiques européennes irresponsables de non-assistance aux personnes en mer, qui les condamnent à mort.

Ellen van der Velden, responsable des opérations de recherche et de sauvetage de MSF

 

Un drame humain qui n’en finit pas

Depuis le début de l'année, plus de 500 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée centrale. Le 22 avril, un terrible naufrage a coûté la vie à au moins 130 personnes. Ceux qui ne meurent pas en mer, courent le risque d'être interceptés par les garde-côtes libyens soutenus par l'UE et d’être ensuite renvoyés de force en Libye. La plupart finissent par être arbitrairement enfermés dans de dangereux centres de détention où ils sont exposés à des risques mortels tels que les mauvais traitements, les violences sexuelles, l'exploitation.

« Au fil des ans, les gouvernements européens se sont progressivement désengagés de la recherche et du sauvetage proactifs en Méditerranée centrale ; ils ont manqué à leur devoir d'assistance aux personnes en danger et ont délibérément entravé, voire criminalisé, le travail indispensable des ONG de recherche et de sauvetage » explique Ellen van der Velden, responsable des opérations de recherche et de sauvetage de MSF.

MSF demande la fin du soutien de l'UE aux garde-côtes libyens et du renvoi forcé de personnes en Libye. « Nous ne resterons pas silencieux face à cette catastrophe humaine », déclare Elle van der Velden. « Le soutien de l'UE au commerce de la souffrance doit cesser immédiatement. Les États membres de l'UE doivent veiller à ce qu'un mécanisme de recherche et de sauvetage proactif et dédié, dirigé par les États, soit relancé de toute urgence en Méditerranée centrale. »

Depuis 50 ans, MSF apporte une aide humanitaire et médicale d'urgence aux populations confrontées à certaines des crises les plus difficiles au monde. Aujourd'hui, MSF retourne en mer pour répondre à l'impératif humanitaire de sauver des vies.

Chiffres-clés:

Au 13 mai 2021, près de 13'000 personnes sont arrivées sur les côtes italiennes ; au moins 555 personnes sont mortes ou ont été portées disparues en tentant la périlleuse traversée de la Méditerranée centrale. Dans le même temps, plus de 7'000 réfugiés et migrants ont été interceptés et renvoyés de force en Libye par les garde-côtes libyens soutenus par l'UE.

Depuis le lancement des activités de recherche et de sauvetage en 2015, MSF a déployé des équipes médicales à bord de sept navires de sauvetage, opérant parfois sur ces navires en collaboration avec d'autres organisations. Au total, les équipes MSF ont participé à 682 opérations de recherche et de sauvetage et ont aidé plus de 81'000 personnes.