Un nouveau centre de transit MSF ouvre ses portes à Béni

Beni, Centre de Transit, 2018

République démocratique du Congo (RDC)5 min

Face à la progression de l’épidémie et l’augmentation du nombre de cas confirmés dans la région, MSF renforce ses activités au sein de la riposte. Un nouveau centre de transit pour les cas suspects Ebola a ouvert ses portes, afin de désengorger le centre de traitement voisin, actuellement saturé.

Une semaine de chantier à rythme soutenu c’est avérée nécessaire pour permettre l’ouverture de cette structure, installée sur un terrain de football d’une surface de 8 000 m2. Malgré les orages réguliers et les aléas logistiques, les équipes MSF ont été en mesure d’achever l’ouvrage en un temps record, soutenues par les clubs de football qui utilisent d’ordinaire le terrain.

L’objectif du centre est de recevoir tous les cas suspects, en attente de confirmation du laboratoire. Selon l’état clinique de ces patients, l’équipe médicale débutera les premiers soins médicaux avant de référer les patients confirmés Ebola vers le  centre de traitement Ebola (CTE) de la ville. L’emplacement de ce nouveau centre de transit à proximité du CTE, dont la capacité est actuellement saturée, permettra de rapprocher les différents acteurs de la riposte dans la ville. Les cas négatifs seront transférés vers les structures médicales existantes pour la suite des traitements. 

Ce centre de transit entend renforcer les capacités de prise en charge dans la ville de Béni, qui depuis le mois d’octobre est devenue le foyer principal de l’épidémie, avec des nouveaux cas qui apparaissent régulièrement dans plusieurs quartiers.

Marie Burton, Coordinatrice du projet MSF à Béni

Préférées aux tentes, plusieurs rangées de chambres individuelles ont été installées dans le nouveau centre afin de protéger au mieux les patients. Par ailleurs, de larges fenêtres en plexiglas ont été insérées dans chaque mur afin de permettre au personnel de santé de constamment garder un contact visuel avec les patients en cas de besoin, mais aussi aux malades de de voir leurs familles et proches depuis leurs chambres. D’une capacité initiale de 16 lits, cette unité pourrait être amenée à augmenter sa capacité à 48 en fonction de l’évolution de l’épidémie.

Les équipes en charge de l’indentification des cas suspects sont de plus en plus actives et l’épidémie est rentrée dans une nouvelle phase, où une trentaine de cas suspects est signalée chaque jour et admise dans le CTE de Béni.

La plus grave épidémie d’Ebola jamais connue en RD Congo

Trois mois après son apparition, cette dixième épidémie d'Ebola en RDC est devenue la plus grave jamais connue par le pays. 341 cas ont été signalés, dont 303 confirmés. L'épicentre s'est déplacé de la ville de Mangina, où les premiers cas ont été signalés, vers la grande ville de Béni où le nombre des nouveaux cas suspects et confirmés Ebola a augmenté pendant plusieurs semaines, jusqu’à saturer la structure de prise en charge en place. Depuis le 1er aout 2018, l’épidémie a fait 215 morts et mobilisé de nombreux acteurs afin de tenter d’endiguer sa propagation. Plus de cent patients sont guéris de la maladie. Dans un contexte où l’insécurité et les difficultés d’accès aux communautés ralentissent la riposte, l’épidémie ne semble toujours pas être endiguée.

Depuis que le foyer de l’épidémie c’est déplacé de Mangina à Beni, nous constatons que l’épidémie est plus difficile à contenir ; en observant maintenant une tendance à l’augmentation des nouveaux cas vers le sud dans la ville de Butembo, nous craignons que la situation devienne encore plus difficile à maîtriser, sans une intensification de la riposte sur cet axe 
Gwenola Séroux, Responsable des Urgences pour MSF à Paris.

Impliquer la communauté

En plus des mouvements de population, la peur de la communauté face à cette maladie très meurtrière peut rendre difficile la relation avec les acteurs de la riposte. Cela se traduit dans une certaine réticence à lancer l’alerte sur les cas suspects, se rendre aux centres de traitement et accepter l’accompagnement des équipes qui assurent les enterrements dignes et sécurisés. 

« On constate le besoin d’une communication meilleure et plus efficace de la part de tous les acteurs de la riposte afin de gagner la confiance de la population. Certes, la mortalité de la maladie est très élevée et les gens peuvent penser que les centres de traitement sont des endroits où l’on se rend pour mourir. Cependant, nous voyons aussi des dizaines des patients sortir guéris. Le fait d’arriver au centre de traitement à un stade précoce de la maladie augmente leurs chances de guérison. » analyse le Dr Axelle Ronsse, Coordinatrice d’urgence MSF sur l’urgence Ebola.

MSF engagé sur les piliers de la riposte

Actif à Béni depuis le début de l’épidémie en aout 2018, MSF est engagé sur plusieurs fronts pour contribuer à endiguer l’épidémie et répondre au mieux aux besoins des populations du Nord Kivu. Aux côtés des autres membres de la riposte Ebola, les équipes de MSF rendent des visites régulières à 24 centres de santé pour des formations et donations.

Les équipes se déplacent également au quotidien auprès des populations, afin d’informer sur la maladie et les moyens de s’en prémunir. Dans le cadre des activités de prévention et contrôle des infections, MSF effectue des opérations de décontamination après l’identification et le transfert de cas confirmés dans les structures adaptées.

Les équipes MSF ont par ailleurs vacciné plus de 600 personnes identifiées comme des travailleurs de santé ou comme potentiels contacts avec des malades atteints d’Ebola dans la ville de Béni en octobre. Des vaccinations ont également commencé dans la ville de Butembo début novembre.

Depuis le début de l’épidémie le 1er aout 2018, les équipes de MSF participent à la riposte Ebola au Nord Kivu et en Ituri. MSF a ouvert des centres de traitement dans les villes de Mangina, Butembo et Tchomia, un centre d’isolement dans la ville de Bunia et désormais un centre de transit dans la ville de Béni. Indépendante de tous pouvoirs politiques, religieux ou militaires, MSF agit en toute impartialité, d’après une évaluation des besoins médicaux. L’indépendance de l'association est permise par un financement assuré à plus de 80% par des dons privés.