Incendie dans le camp de Moria en Grèce: le résultat de cinq ans de traitements inhumains

Un staff MSF regarde les flammes qui ravagent le camp de Moria

Grèce3 min

Dans la nuit du 8 au 9 septembre, plusieurs incendies ont éclaté dans le camp de réfugiés de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, forçant plus de 12 000 personnes à évacuer les lieux. Elles n'ont pour le moment été orientées vers aucun endroit sûr et celles qui voulaient rejoindre la ville de Mytilène ont été bloquées par les forces de l’ordre. Les équipes MSF, présentes sur l'île depuis 2015 pour leur porter assistance, s'organisent pour répondre à l'urgence.

Nos équipes ont vu le feu se propager à travers le camp toute la nuit. Tout était en feu. Nous avons vu les personnes fuir massivement les flammes, sans savoir où aller. Les enfants sont effrayés et les parents en état de choc.

Marco Sandrone, coordinateur terrain MSF à Lesbos.

« Nous sommes soulagés car il ne semble pas y avoir de victimes. Nous travaillons maintenant en priorité sur les besoins des personnes qui habitaient le camp », déclare Marco Sandrone, coordinateur terrain MSF à Lesbos.

Vue aérienne du camp de Moria en proie aux flammes

Incendie au camp Moria aux petites heures du matin du 9 septembre 2020.

© MSF/Médecins Sans Frontières

Des tensions à répétitions

Ces dernières années, des tensions ont régulièrement éclaté dans le camp, exacerbées durant les cinq derniers mois par les mesures de prévention et de contrôle des infections liées au coronavirus, inapplicables en raison de la surpopulation. Les départs d’incendies ont eu lieu alors que certains réfugiés protestaient contre les conditions de confinement qui étaient mises en place. 

En effet, les autorités grecques avaient récemment renforcé les mesures de confinement et avaient radicalement restreint les possibilités de déplacement des habitants dans le camp, après la découverte de cas positifs au Covid-19. MSF avait alerté les autorités des conséquences dangereuses que pouvaient avoir de telles mesures.

Des structures en métal, calcinées par les flammes

Le camp de réfugiés de Moria réduits en ruines après le feux. 09 septembre 2020, Grèce

© MSF/Médecins Sans Frontières

Le résultat des politiques migratoires européennes

« Comment les autorités grecques pouvaient-elles garder 12 000 personnes piégées dans ces conditions inhumaines ? Elles devaient faire la queue tous les jours pour recevoir de la nourriture, explique Aurélie Ponthieu, conseillère en affaires humanitaires pour MSF »

Il n'y a aucun doute quant à la cause de cet incendie : il est le résultat de plusieurs années de souffrances et de violences humaines produites par les politiques migratoires européennes et grecques.

Aurélie Ponthieu

Tous les services médicaux disponibles pour les personnes exilées qui habitaient Moria ont été temporairement suspendus, dont la clinique pédiatrique de MSF.

MSF alerte les responsables européens sur les conditions de vie inhumaines dans le camp depuis des années, sans que les États membres n'assument leur responsabilité face à cette situation. L'association appelle désormais les autorités grecques à adopter immédiatement un plan d'intervention d'urgence et à évacuer toutes ces personnes vers un endroit sûr, sur le continent ou vers d'autres pays européens.