Syrie: exode massif de civils fuyant les bombardements sur Al Safira

Suite aux bombardements d’octobre 2013 à Al Safira, le camp s’est vidé et les réfugiés ont fuit plus au nord.

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130 000 personnes ont fui le district d’Al Safira, dans la province d’Alep, où les bombardements sont intenses depuis le 8 octobre. Et l’aide humanitaire est insuffisante face à l’ampleur des besoins de ces personnes déplacées.

Les combats, bombardements et raids aériens ont fait 76 morts dans la seule ville d’Al Safira. En l’espace de cinq jours, ils ont fait dans tout le district 450 blessés qui ont été reçus dans des structures médicales soutenues par MSF. Et dans son hôpital de la région, l’équipe MSF a soigné 34 blessés venant d’Al Safira.

Environ 130 000 personnes en fuite

«Ces attaques extrêmement violentes ont poussé des populations qui avaient déjà fui la guerre à un nouvel exode », observe Marie-Noëlle Rodrigue, Directrice des Opérations à MSF. Environ 130 000 personnes, soit la quasi-totalité des civils qui vivaient dans la ville d’Al Safira ou dans des camps alentours auxquels MSF apportait une aide, ont fui vers le nord. «Ces gens arrivent dans des zones accueillant déjà un grand nombre de personnes déplacées, où les rares acteurs humanitaires présents doivent faire face à d’immenses besoins», ajoute Marie-Noëlle Rodrigue.
Ainsi dans la ville de Manbij, près de 200 000 personnes déplacées étaient déjà enregistrées par les volontaires du Croissant-Rouge, avant ce nouvel afflux. Les capacités d’accueil sont saturées. Les nouveaux arrivants sont entassés dans des bâtiments publics, des fermes alentours… Des immeubles en construction sans portes ni fenêtres accueillent jusqu’à 10 familles par appartement. D’autres familles ont été installées dans un camp aménagé à la hâte sur un ancien parking, avec une seule latrine. Et tous ceux qui n’ont rien pu emporter dans leur fuite sont dans un dénuement extrême pour affronter un deuxième hiver de guerre.
Les structures médicales à l’est d’Alep étant une cible, les populations civiles, exposées à ces violences, ont un accès limité aux soins médicaux. Le 21 octobre, un baril de TNT a été lancé d’un hélicoptère sur un hôpital de campagne dans la ville de Blat, hôpital désormais inutilisable. Le 10 septembre, c’était l’hôpital de campagne d’El Bab qui était bombardé. L’attaque avait fait 11 morts et 5 blessés.

Entraves politiques et administratives

«Les Nations Unies ainsi que les pays ayant une influence dans ce conflit doivent montrer la même détermination à régler la question de l’aide humanitaire que pour la question des armes chimiques, estime le Dr Mego Terzian, président de MSF. Il est impératif de lever les entraves politiques et administratives à l’acheminement de l’aide dans les zones non contrôlées par le gouvernement, précise-t-il.»
Les équipes de MSF s’efforcent de venir en aide aux blessés et aux populations déplacées. Mais l’urgence est aussi de mobiliser d’autres acteurs humanitaires. Car les secours apportés à ces populations vivant dans des conditions extrêmement précaires sont dérisoires au regard des besoins.
Les équipes MSF qui sont composées de personnel international et de personnel syrien travaillent dans six hôpitaux et deux centres de santé dans le nord de la Syrie. De juin 2012 à septembre 2013, les équipes MSF en Syrie ont donné  90 175 consultations médicales, effectué 4 491 opérations chirurgicales et assisté 1 426 accouchements.

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