MSF condamne toute initiative menant au refoulement des boat people en Libye

Le 19 avril 2011, 760 réfugiés sont arrivés de Lybie. Une équipe MSF distribue des biens non alimentaires aux réfugiés à peine arrivés.

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L’Italie vient de signer avec les autorités provisoires libyennes un accord pour rapatrier les immigrants illégaux.

Rome/Genève, 23 juin 2011 – Alors que le Conseil européen se réunit à nouveau ce vendredi 24 juin pour discuter des questions migratoires, Médecins Sans Frontières (MSF) condamne les termes de l’accord bilatéral signé entre l’Italie et le Comité national de transition de Libye le 17 juin. Cet accord vise en effet à une assistance réciproque et une coopération dans la lutte contre l’immigration illégale, en procédant notamment au rapatriement des immigrants illégaux.
MSF s’indigne qu’un Etat impliqué dans le conflit en Libye prenne de telles mesures alors même qu’une guerre est en cours. De plus, les personnes arrivant par bateau de Libye fuient des violences et ont besoin d’une protection internationale. Le rapatriement ou le détournement en mer de ces personnes vers le territoire libyen constituerait une violation de l’obligation internationale de non-refoulement.

Les incohérences européennes

MSF souligne aujourd’hui l’incohérence d’un tel accord et le double standard appliqué par les pays européens impliqués dans cette guerre. Il est intolérable qu’un pays engagé dans des bombardements au nom de la protection des civils organise dans le même temps le refoulement des victimes de cette guerre. «Cet accord signifie un arrêt de mort pour les populations qui risquent d’être à nouveau piégées dans ce conflit,» s’inquiète Christopher Stokes, directeur général de MSF.
En 2009, MSF avait déjà exprimé son inquiétude suite à la signature du «Traité d’Amitié» entre la Libye et l’Italie qui prévoyait le rapatriement forcé des exilés. L’organisation ne peut aujourd’hui que constater les terribles conséquences de ce type d’accord sur les personnes qui ont essayé sans succès de  rejoindre l’Italie avant que le conflit n’éclate.

Témoignages édifiants des migrants renvoyés en Libye

Dans le cadre de ses activités, MSF a reçu des centaines de témoignages de personnes qui ont aujourd’hui trouvé refuge dans le centre de Mineo (Sicile) ou le camp de Choucha (Tunisie). Ces témoignages révèlent  les sévices et les traitements inhumains et dégradants vécus par les migrants renvoyés dans les centres de détention en Libye et le traumatisme qui en résulte. «Près de Lampedusa, les Italiens nous ont attrapés, attaché une corde à notre bateauet renvoyé en Libye où nous avons été  placés en détention, torturés et forcés à appeler nos familles pour une rançon. Je me suis échappé lorsque la guerre a commencé», a confié un Somalien du camp de Choucha,  refoulé en Libye.
MSF invite le Conseil Européen à prendre en considération les dangers de ce type d’accord lors de ses discussions.  Une fois de plus, MSF rappelle l’obligation de tout Etat à respecter les droits fondamentaux de toute personne se trouvant sous sa juridiction, indépendamment de sa nationalité. Les Etats européens doivent garantir en tout temps aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile qui arrivent sur leur territoire, leur non-refoulement du sol et des eaux territoriales et leur assurer des conditions d’accueil décentes, ainsi que l’accès à une procédure d’asile efficace et équitable.

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