Irak: des dizaines de milliers de déplacés manquent d’assistance à Kirkouk

Plus de deux millions d'Irakiens ont fui leurs foyers cette année en raison du conflit.

3 min

Des milliers de personnes fuyant les violences en Irak ont un besoin crucial de nourriture, d'eau, d'abris et de soins médicaux, et ce, même lorsqu’ils sont parvenus à atteindre des zones accessibles aux organisations d’aide internationales, déclare aujourd’hui l’organisation humanitaire internationale MSF.

Plus de 180 000 personnes déplacées ont déjà trouvé refuge à Kirkouk, une ville multiethnique non loin des lignes de front, et les populations continuent d’y affluer. Beaucoup vivent dans des abris surpeuplés, insalubres et souffrent de maladies comme des infections respiratoires, urinaires, cutanées ainsi que d’anémie en raison du manque d’eau et de nourriture. Médecins Sans Frontières (MSF) - la seule organisation médicale internationale qui fournit des services dans cette zone - appelle tous les acteurs de l'aide internationale à renforcer leur action à Kirkouk et dans toutes les régions d’Irak où les populations déplacées les plus vulnérables peuvent être atteintes.
«En dépit des problèmes de sécurité, il est possible pour des organisations d'aide de travailler dans la ville de Kirkouk», a déclaré Fabio Forgione, chef de mission pour MSF en Irak. «Mais sur place, nous voyons trop peu d'aide internationale. L'aide provient essentiellement des organisations locales et reste largement insuffisante. Il faut que les organisations de l'aide internationale intensifient leurs efforts partout où cela est possible.»
Plus de deux millions d'Irakiens ont fui leurs foyers cette année en raison du conflit. Beaucoup sont pris au piège des combats dans des zones directement touchés par la violence et restent coupés de toute aide humanitaire. Pourtant, même ceux qui parviennent à atteindre des zones plus sûres sont négligés. Les gouvernements locaux et les communautés d'accueil peinent à répondre à l'urgence.
«Quand je suis arrivée à Kirkouk, je me sentais plus en sécurité. Maintenant je peux dormir», a déclaré une femme qui a fui les bombardements dans  la région de Beiji et vit désormais avec sa famille dans un bâtiment inachevé à Kirkouk. «Mais personne n’est venu vers nous, à l’exception du gouverneur (de Kirkouk) et du Croissant-Rouge. Nous n’avons vu personne d'autre. Nous avons fait des demandes pour des matelas, des poêles de chauffage, de l'huile, des tapis. Personne ne nous a rien donné.»
Jusqu'à présent, la réponse internationale s’est concentrée principalement sur le Kurdistan irakien, où plusieurs camps de personnes déplacées ont été mis en place. La plupart des fonds mis à disposition par les bailleurs internationaux ont été alloués au Kurdistan irakien et non à d'autres zones accessibles, comme Kirkouk.
«Les conditions de vie déplorables ainsi que le surpeuplement ont un impact direct sur la santé des personnes qui vivent ici», a déclaré Fabio Forgione. «Après avoir fui une violence terrible, les familles ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence pour alléger les difficultés liées à leur déplacement. Il incombe à la communauté internationale de la leur fournir.»
MSF travaille à Kirkouk depuis 2010 et a renforcé son intervention depuis juillet 2014 auprès des populations déplacées, menant des cliniques mobiles dans six localités de la ville, en se concentrant sur les maladies chroniques et les soins maternels et pédiatriques. Les équipes de MSF ont dispensé 5821 consultations médicales depuis le mois de juillet, et distribué 25 000 couvertures et plus de 3700 kits d'articles d'hygiène à des familles déplacées à Kirkouk.

Actualités en lien