Bentiu : 3 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour dans la base de l'ONU

Chaque jour, la base fait face à un afflux de nouveaux déplacés.

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Dans la base des Nations unies de Bentiu, au Soudan du Sud, le taux de mortalité observé chez les quelque 45 000 déplacés augmente à un rythme alarmant, s’inquiète MSF.

Des maladies facilement évitables et la malnutrition sévère font de nombreuses victimes. L’organisation humanitaire appelle donc à renforcer et à étendre rapidement l’approvisionnement en eau, à améliorer les conditions d’hygiène et à construire des latrines supplémentaires.
Au cours de ces deux derniers mois, la population de la base a été multipliée par 14. Ces déplacés ont fui les violences et les brutalités dans l’État d’Unity, où se situe Bentiu. Une situation rendue d’autant plus dramatique par les récentes inondations qui ont détruit les structures d’assainissement et d’approvisionnement en eau.

Dysenterie, infections pulmonaires et malnutrition

Les données médicales de la base montrent qu’au moins trois enfants de moins de cinq ans perdent chaque jour la vie. La plupart succombent à des dysenteries, à des infections pulmonaires et à la malnutrition, liées aux conditions de vie déplorables. «Ces personnes se sont réfugiées ici pour se mettre à l’abri mais les conditions sont telles que leur vie est en danger», explique Nora Echaibi, responsable d’une équipe médicale de l’hôpital installée sur la base par Médecins Sans Frontières (MSF). «Une catastrophe humanitaire guette.»
Les abondantes précipitations qui se sont récemment abattues sur la région ont encore aggravé une situation déjà très difficile. Les latrines sont inondées et les routes sont à ce point impraticables que les camions d’approvisionnement en eau ne peuvent rejoindre les points de distribution. Les postes médicaux et autres bases de travail des organisations humanitaires sont eux aussi inondés.

Un approvisionnement en eau insuffisant

L’approvisionnement en eau n’est que de 4,4 litres d’eau potable par personne et par jour, une quantité bien inférieure aux 15 litres/jour recommandés par les directives internationales. Les déplacés en sont réduits à boire l’eau de flaques souillées par des  excréments. Il n’y a en moyenne qu’une latrine opérationnelle pour 241 habitants. MSF redoute une aggravation des problèmes sanitaires et des épidémies de choléra, d’hépatite ou de malaria, par exemple.
Chaque jour, la base fait face à un afflux de nouveaux déplacés. Beaucoup sont très faibles car ils ont dû parcourir de longues distances à pied ou sont restés cachés de nombreuses journées dans les forêts, privés de toute aide humanitaire.
L’insécurité persistante et les inondations rendent les déplacements impossibles. Il est donc impossible de se procurer des stocks de sable par exemple, qui permettent de se protéger contre les inondations. Le matériel doit être acheminé par avion, à des prix très élevés.
L’hôpital ouvert par MSF dans la base des Nations unies de Bentiu compte 90 lits. Entre le 17 mai et le 9 juin, 202 patients y ont été pris en charge et 70 interventions chirurgicales réalisées. L’organisation médicale humanitaire s’emploie actuellement à renforcer la capacité de l’hôpital ainsi que ses équipes médicales.

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