Tanzanie: La réponse humanitaire dans les camps de réfugiés toujours insuffisante

Le camp de Nyarugusu, où MSF gère une unité de stabilisation équipée de 40 lits et trois cliniques spécialisées dans le traitement du paludisme.

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La pression s’intensifie dans les camps de réfugiés en Tanzanie, où les réfugiés burundais continuent d’affluer en grand nombre.

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), près de 19 000 burundais sont arrivés sur le territoire tanzanien en janvier 2017, ce qui représente le plus grand nombre arrivé en un seul mois depuis mai 2015.

Environ 290 000 réfugiés, dont plus des trois quarts sont burundais, s’entassent dans trois camps déjà trop exigus: Nyarugusu, Mtendeli et Nduta. Le camp de Nduta, qui était déjà plein en novembre 2016, abrite actuellement 117 000 personnes, soit plus du double de sa capacité prévue. Entre 600 et 1000 personnes arrivent chaque jour, ce qui portera à 150 000 la population du camp d’ici à la mi-avril.

« Les trois camps sont pleins et le flux de réfugiés ne faiblit pas. Il devient donc très urgent de trouver un emplacement pour un quatrième camp et de l’établir immédiatement. MSF a signalé ce besoin à plusieurs reprises, mais rien de concret n’a encore été entrepris», explique David Nash, Chef de mission pour MSF. «Bien que les organisations humanitaires aient commencé à augmenter leur aide, la réaction n’est toujours pas adaptée à la cadence des arrivées. Les abris manquent, ce qui oblige les personnes à passer plus de temps dans des abris collectifs surpeuplés, où le risque de maladie est bien plus élevé. »

Avec l’arrivée des réfugiés, des soins médicaux sous tension

Dans le camp de Nduta, où MSF est le principal prestataire de soins, les équipes médicales ont constaté une multiplication par quatre des consultations en ambulatoire. Le paludisme est la maladie la plus préoccupante, d’autant plus que la saison des pluies, en exacerbant les problèmes de surpopulation et d’insalubrité, a provoqué une montée en flèche du nombre de cas. Au seul mois de janvier, MSF a soigné 17000 cas de paludisme dans les camps de Nduta et Nyarugusu. Les diarrhées, les infections des voies respiratoires et les affections cutanées sont aussi très répandues parmi les réfugiés.

Les soins de santé sexuelle et reproductive sont également fortement sollicités à Nduta. Le nombre de naissances a plus que doublé pendant les quatre derniers mois de 2016 et 400 bébés sont nés en janvier. Les jeunes enfants, les femmes enceintes et les femmes qui viennent d’accoucher sont particulièrement vulnérables aux maladies.

« Nous craignons réellement une crise sanitaire si les camps deviennent encore plus surpeuplés et que les installations sont insuffisantes pour répondre aux besoins des personnes qui arrivent ici », précise M. Nash.

Le statut de réfugié menacé

L’effort déployé pour apporter abri, soins de santé et hygiène aux réfugiés va aussi se confronter à une décision récente du gouvernement tanzanien annulant une disposition qui accorde d’office le statut de réfugié aux burundais qui arrivent dans le pays.

Depuis le début de la crise en avril 2015, tous les burundais arrivant en Tanzanie recevaient le statut de réfugié de manière automatique. Le changement législatif annoncé signifie que le statut des personnes sera décidé individuellement, ce qui pourra avoir une incidence sur l’aide humanitaire qui pourra leur être fournie.

« Ces dernières années, la Tanzanie a accueilli, avec générosité, des centaines de milliers de réfugiés fuyant des crises graves », ajoute M. Nash. « Les donateurs internationaux doivent accroître leur soutien dans cette crise. Le gouvernement tanzanien, quant à lui, doit s’assurer que les conventions relatives aux réfugiés soient respectées et continuer d’offrir un refuge aux personnes aussi longtemps qu’elles continueront de fuir. Nous appelons une fois de plus à un redoublement rapide de l’aide pour que nous puissions porter assistance au nombre croissant de réfugiés accueillis en Tanzanie. »

MSF est actif en Tanzanie depuis mai 2015. Des équipes travaillent actuellement dans les camps de Nyarugusu et Nduta. À Nyarugusu, MSF gère une unité de stabilisation équipée de 40 lits et trois cliniques spécialisées dans le traitement du paludisme. MSF dispense également des consultations de santé mentale. À Nduta, MSF représente le principal prestataire médical et gère un hôpital de 120 lits, ainsi que cinq postes sanitaires, tout en fournissant des consultations de santé mentale.