RDC: un nouveau projet pour les victimes de violences à Boga

District d’Ituri, RD Congo, 22.10.2013

3 min

Depuis le 1er avril 2015, MSF intervient dans la zone de santé de Boga, dans le district d’Ituri dans la Province Orientale de la République Démocratique du Congo, afin d’y améliorer la qualité des soins. Le projet, qui se déroulera sur plusieurs années, se concentre sur la prise en charge médicale et psychologique des victimes de violences et sur la santé reproductive.

La région de Boga, située au Sud du territoire de l’Irumu, est très enclavée et soumise à la présence de groupes armés et à des tensions interethniques. Les infrastructures sanitaires sont rares, souvent vétustes et le personnel médical est très peu formé. Par ailleurs, le coût des soins est souvent trop élevé pour les habitants. « Les populations recourent massivement à la médecine traditionnelle ou vont se faire soigner en Ouganda voisin, ce qui malheureusement engendre des complications médicales, car les malades ne peuvent pas être suivis correctement», explique Kevin Coppock, chef de mission de Médecins Sans Frontières en RDC.
Fort de ce constat, MSF, qui est présente en continue en Province Orientale depuis 2003, a lancé un projet en coordination avec les partenaires locaux pour améliorer la qualité des soins dans cette région, alors que  peu d’acteurs humanitaires y sont impliqués. Les équipes travaillent dès à présent en appui à l’hôpital général de référence de Boga et au centre de santé de Rubingo.
Depuis début avril, MSF a mis en place une salle d’urgences et une salle de soins intensifs de dix lits au sein de l’hôpital de Boga, et travaille au renforcement du laboratoire, de la stérilisation. Les équipes ont aussi lancé des travaux de réhabilitation des bâtiments et une mise à niveau du bloc opératoire et de la maternité débutera prochainement. En un mois seulement, plus de 160 patients ont été consultés en salle d’urgence.
MSF se concentre sur la prise en charge médicale et psychologique des victimes de violences et sur la santé reproductive. « Les centres de santé de la région ont une faible capacité de prise en charge des plus vulnérables, en particulier des victimes de violences, qu’elles soient sexuelles, domestiques ou armées…», constate Kevin Coppock. « Les consultations que nous proposons sont ouvertes à tous. Les hommes, par exemple, sont parfois des victimes oubliées de viols et de violences». Ce travail s’accompagne aussi d’un volet sensibilisation dans les communautés. En avril, environ 2750 personnes ont été sensibilisées sur 37 localités.
Dans le centre de santé de Rubingo, les équipes ont dû proposer les services de consultations prénatales deux jours par semaine au lieu d’un pour faire face à l’afflux de femmes enceintes venant consulter. Au mois d’avril, environ 200 consultations de ce type avaient déjà été menées dans le centre. Dans les prochains mois, MSF commencera les mêmes activités au centre de santé de Burasi.
MSF pense dès le début de son action à son désengagement. Afin d’avoir un impact sur le long terme et de pouvoir répliquer ce travail dans d’autres centres de santé de la zone, MSF a souhaité intégrer les acteurs locaux. « Nous travaillons étroitement avec le Bureau central de zone, les comités de gestion et la société civile afin de promouvoir un système de santé économique, fiable et pérenne. Maintenir des soins médicaux payants mais accessibles à la population permettraient notamment d’autofinancer les structures de santé après notre départ. Il s’agit aussi d’assurer un transfert de compétences au personnel en place », insiste le chef de mission.

Actualités en lien