Paludisme dans le nord-est de la RDC: Plus de 40 000 patients pris en charge en un mois

Plus de 80% des patients hospitalisés sont des enfants de moins de 12 ans, les plus vulnérables à la maladie.

République démocratique du Congo (RDC)4 min

Depuis le 9 mai dernier, les équipes de MSF et le personnel des structures de santé de Pawa et Boma-Mangbetu, dans la province du Haut-Uélé, luttent contre une flambée exceptionnelle de paludisme.

Plus de 40 000 patients atteints de la forme simple ont déjà été pris en charge et 1600 enfants souffrant de paludisme sévère ont été hospitalisés.

Depuis un mois, une équipe d’urgence de Médecins Sans Frontières (MSF) est venue prêter main forte au système sanitaire des zones de santé de Pawa et Boma-Mangbetu, dans la province du Haut-Uélé. « Dès notre arrivée, nous avons mis à disposition des tests de diagnostic rapide et des traitements antipaludéens gratuits dans 32 centres de santé. Cet approvisionnement permet de prendre en charge rapidement les cas simples et ainsi éviter des complications, alors que l’afflux massif de patients avait provoqué des ruptures de traitements dans certaines de ces structures de santé. Nous continuons cet appui logistique pour s’assurer que les médicaments sont toujours disponibles », explique Stéphane Reynier de Montlaux, coordinateur d’urgence  à Pawa.

MSF a également mis en place des unités de traitement au sein des hôpitaux de référence de Pawa et de Boma, où l’organisation gère également les soins intensifs. Ces structures ont été renforcées avec des médecins et des infirmiers supplémentaires, et dotées de médicaments, de matériel médical, et d’équipements comme des lits et des matelas. L’électricité est désormais disponible 24 heures sur 24 dans ces structures.

Manque de donneurs

Plus de 80% des patients hospitalisés sont des enfants de moins de 12 ans, les plus vulnérables à la maladie. «Les jeunes patients arrivent à l’hôpital dans des états graves. Beaucoup d’entre eux présentent des anémies sévères et nécessitent une transfusion sanguine. Mais nous manquons de donneurs pour alimenter les banques de sang dans les hôpitaux. Beaucoup d’enfants souffrent également de malnutrition sévère. Il a donc fallu donner des traitements spécifiques et former le personnel local à la prise en charge de cette pathologie, qui associée au paludisme, peut causer un grand nombre de décès», commente Stéphane.

Rapprocher les soins

L’organisation médicale a par ailleurs monté une unité de stabilisation au centre de santé de Babonde, à mi-chemin entre Boma et Pawa pour rapprocher les soins de ceux qui n’ont pas les moyens de se rendre à l’hôpital. En effet, certaines zones reculées se trouvent à 50 km des hôpitaux, les routes sont impraticables et les coûts de transports souvent trop onéreux pour les familles. MSF appuie le système sanitaire local pour organiser des références vers les hôpitaux lorsque nécessaire et soutient le personnel de santé local qui est en première ligne sur la prise en charge des patients. L’organisation travaille aussi sur la sensibilisation des communautés afin que les gens viennent se faire soigner rapidement.

D’autres zones de santé sont aussi en état d’alerte. Dans la province du Bas-Uélé, précisément dans la région de Dinguila, une augmentation des cas de paludisme a été observée ces derniers mois. Depuis, la situation s’est stabilisée comme l’a constaté une équipe MSF dépêchée sur place.

Un nombre de cas qui reste élevé

Toutefois le nombre de cas reste élevé et il y a un problème d’accès aux traitements. L’équipe MSF examine les moyens de venir en aide au système de santé pour faire face à l’augmentation des cas, notamment à travers le soutien aux centres des zones rurales pour les cas graves.

« Nous n’avons rencontré une situation similaire qu’une seule fois: en 2012. Cette année-là, MSF avait soigné plus de 60 000 enfants entre juin et octobre dans les zones de santé de Ganga-Dingila, Pawa, Poko et Boma-Mangbetu. Cette fois, nous sommes intervenus plus tôt et travaillons aujourd’hui en étroite collaboration avec les autorités afin de juguler cette flambée. En à peine plus d’un mois à Pawa et Boma, 40 000 patients sont venus se faire soigner dans les centres de santé (dont 95% ont été testés positifs au paludisme). Plus de 1600 enfants ont été hospitalisés avec un paludisme grave. Si dans certains centres de santé, le nombre de malades semble être sur le déclin, ce n’est pas le cas partout et il est beaucoup trop tôt pour baisser la garde, alors que nous entrons en période de pic de paludisme », conclut le coordinateur d’urgence de MSF.