Nigeria: flambée de choléra dans l’Etat de Borno

Intervention choléra dans l'Etat de Bauchi, Nigeria, janvier 2014

5 min

Depuis la fin septembre, une épidémie de choléra touche l’Etat nigérian de Borno, situé au nord-est du pays. MSF, présente dans la zone, répond à l’épidémie dans cette zone isolée, difficilement accessible et où l’offre de soins médicaux reste limitée.

En près d’un mois, 4 500 cas et 70 décès imputables au choléra ont été rapportés dans la ville de Maiduguri, « capitale » et ville principale de l’Etat de Borno, où le nombre de cas continue à augmenter.
En 2010, MSF avait déjà travaillé sur une flambée de choléra à Maiduguri. Nous avions alors monté un centre de traitement du choléra (CTC) de 120 lits à l’hôpital de la ville. Afin de répondre à l’épidémie en cours, MSF a décidé de ré ouvrir ce CTC et de passer le nombre de lits à 150. Huit personnels MSF et du personnel du ministère de la Santé y travaillent conjointement sur la prise en charge médicale des cas sévères. A ce jour, 1 912 malades y ont été soignés. Par ailleurs, cinq points de réhydratation orale préventive (structures rapides à installer où des solutions de réhydratation orale sont mises à la disposition de la population) ont été mis en place dans plusieurs quartiers de la ville. Action contre la faim (ACF) envisage, pour sa part, d’intervenir sur le plan de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement. 
Au Nigeria, les épidémies de choléra sont fréquentes. Ainsi, en janvier 2014, une épidémie se déclarait dans l’Etat de Bauchi, également situé au nord-est du pays. MSF est intervenue pour prendre en charge les malades dans un CTC où nos équipes ont soigné 8 500 personnes sur les 15 500 qui avaient été contaminées au total.

Chaque année, on compte entre 3 et 5 millions de cas de choléra dans le monde.

Cette maladie très contagieuse, à l'origine de 100 000 à 120 000 décès par an, est une infection intestinale aiguë qui se transmet par l'ingestion de nourriture et/ou d'eau contaminées par le bacille et/ou par contamination fécale-orale. Le choléra apparaît  souvent dans les cas de surpopulation, quand l'eau potable manque et/ou lorsque la collecte des ordures et le nombre de toilettes sont insuffisants. Les jeunes enfants et les personnes âgées sont les plus vulnérables. Les principaux symptômes sont des diarrhées liquides et des vomissements, provoquant une déshydratation sévère et rapide pouvant entraîner la mort. Néanmoins, il s'agit d'une maladie facile à traiter si elle est prise en charge assez tôt. Le traitement consiste à compenser les pertes d'eau et des principaux oligo-éléments pour éviter toute déshydratation (sels de réhydratation administrés par voie orale dans la plupart des cas). Dans les cas graves, il est parfois nécessaire de perfuser 8 à 12 litres de solutés par personne et par jour et, dans certains cas, l'hospitalisation devient indispensable. L'utilisation d'antibiotiques peut également s’avérer nécessaire. Malgré la rapidité d'apparition des symptômes et leur gravité, le rétablissement du patient est spectaculaire : après quelques jours de traitement, la bactérie a disparu et le patient est rétabli.

Insécurité dû à Boko Haram

Borno fait partie des trois Etats nigérians (avec Yobe et Adamawa) placés en état d’urgence, en mai 2013, par le gouvernement, suite à la radicalisation du mouvement islamiste Boko Haram particulièrement actif dans le nord-est du pays. En mai 2013, suite à l’attaque de la ville de Baga, MSF était intervenue une première fois dans l’Etat de Borno, mais avait dû stopper rapidement ses activités en raison de l’insécurité croissante dans la zone. Plus tard, une mission exploratoire a été menée dans le sud de l’Etat, à Chibok, au cours de laquelle 3 760 personnes ont pu être soignées dont plus de la moitié étaient des enfants âgés de moins de 5 ans et dont beaucoup souffraient de malnutrition. Cette intervention a duré 10 semaines mais avait également dû être interrompue en octobre 2013, toujours du fait de l'insécurité.
Depuis mai 2014, MSF travaille, à nouveau, à Maiduguri, où nous soutenons des dispensaires médicaux, fixes et mobiles, dans deux des trois camps de déplacés - ayant fui les attaques menées par Boko Haram dans les environs - que compte la ville. A ce jour, on compte 58 000 déplacés dans les camps (la National Emergency Management Agency (NEMA) estime le nombre total de déplacés à 350 000).
L’intervention actuellement menée par MSF contre le choléra est possible parce que la ville est calme et n’a pas subi d'attaques depuis un moment. Les Etats de Yobe, Borno et Adamawa sont très isolés : les restrictions aux entrées et sorties de personnes entravent le commerce et l’économie locaux. L’offre de soins médicaux y est également extrêmement limitée pour les populations, résidentes et déplacées, vulnérables de Maiduguri et plus généralement de l’Etat de Borno.

Septembre - octobre 2014: Epidémies de choléra en Haïti, au Niger et en Côte d’Ivoire.

Après plus d’un an et demi de répit, de nouveaux cas ont été enregistrés sur Port au Prince, capitale haïtienne, ainsi que dans quelques petites poches dans le pays. MSF a ouvert cinq CTC.
Au Niger, le choléra touche près d'un millier de personnes dans plusieurs régions du sud du pays. En collaboration avec le ministère de la Santé, les équipes d'urgence MSF ont soigné près d'un millier de malades.
Une quarantaine de cas ont été enregistrés dans un des quartiers d’Abidjan, capitale ivoirienne, au sein d'une communauté de pêcheurs ghanéens (une épidémie est également en cours au Ghana : 15 000 cas). MSF étudie les possibilités de réponse.

Actualités en lien