L’urgence choléra se poursuit en Haïti

Deux mois après le début de l'épidémie, près de 2 000 patients se présentent chaque jour dans les structures de traitement du choléra gérées ou soutenues par MSF.

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Tous les départements du pays sont maintenant touchés par la maladie. Depuis le début de l’épidémie, MSF a soigné 75000 personnes présentant des symptômes du choléra.

L’épidémie de choléra se stabilise dans la région de l’Artibonite, là où la maladie s’était déclarée en octobre, mais continue sa progression au nord et au sud du pays. Tous les départements sont maintenant touchés. La semaine passée, plus de 1 850 patients présentant des symptômes du choléra ont été soignés chaque jour dans des structures de MSF ou des centres soutenus par l’organisation.
MSF continue de travailler dans 47 Centres de traitement du choléra (CTC) d’un bout à l’autre du pays et prévoit aussi d’ouvrir sous peu de nouveaux centres là où la maladie vient tout juste de se déclarer. De nouveaux centres de traitement devraient bientôt ouvrir dans les villes de Jérémie et Les Cayes au sud du pays. Parallèlement, les équipes MSF mènent des missions exploratoires supplémentaires dans la région et continuent leurs programmes de sensibilisation sur l’importance de la prévention et du traitement de la maladie auprès de la population locale.
Comptant plus de 4000 personnes travaillant dans l’intervention de lutte contre le choléra en Haïti, MSF a soigné 75000 personnes présentant des symptômes de cette maladie depuis le début de l’épidémie. La semaine dernière, 13000 nouveaux patients ont été traités dans les structures gérées ou soutenues par MSF à travers le pays.
À Port-au-Prince, le nombre de cas a beaucoup augmenté au début de la semaine dernière, alors que la mobilité dans la capitale s’est réduite lors des jours de troubles après l’annonce du résultat préliminaire des élections présidentielles. De 2000 nouveaux cas enregistrés dans les CTC MSF de la capitale au cours de la semaine du 6 décembre, le nombre est passé à 4100 la semaine du 20 décembre. Toutefois, la progression semble avoir ralenti depuis le 18 décembre, alors que la situation se stabilise dans la capitale. En tout, plus de 21000 personnes ont été soignées pour le choléra dans la capitale haïtienne depuis le début de l’épidémie il y a deux mois.
Dans le département du Nord, plus de 3500 nouveaux cas ont été identifiés la semaine dernière, mais l’augmentation n’était pas aussi dramatique qu’à Port-au-Prince. Globalement, la situation dans le département semble se stabiliser.
Dans le département du Nord-Ouest, MSF a soigné plus de 1100 nouveaux cas la semaine dernière. Le nombre de cas total serait donc d’environ 7000, ce qui semble aussi traduire une stabilisation dans ce secteur. La même tendance a été observée dans le nord de la région de l’Artibonite, là où l’épidémie s’est déclarée au mois d’octobre. Dans le sud de la région, le nombre de cas a commencé à diminuer la semaine dernière. Au total, MSF a pris en charge 1200 nouveaux patients dans l’Artibonite la semaine dernière, portant à 26000 le nombre de patients soignés depuis le début de l’épidémie.
250 nouveaux cas ont été enregistrés dans le département de l’Ouest, excepté Port-au-Prince. Quant à la région sud du pays, il y avait plus d’une centaine de cas dans le département du Sud-Est, 130 cas dans le département du Sud, et 200 à Nippes, où aucun cas ne s’était déclaré auparavant.
Rassurer la population
Le taux de mortalité global reste en dessous des deux pour cent. MSF continue cependant d’informer les communautés locales sur le choléra, son origine et son traitement, en particulier dans les endroits où la maladie vient juste d’apparaître. Elle espère ainsi rassurer la population et les aider à comprendre pourquoi il est crucial de construire des nouveaux CTC pour traiter les malades et faire cesser la progression de l’épidémie.
«Dans les endroits où nous avons pu communiquer efficacement avec la communauté locale, nous avons constaté une certaine stabilisation et même une diminution des nouveaux cas», explique Delphine Chedorge, chef de mission pour MSF en Haïti. «La communication est un aspect primordial de la réponse à une épidémie de choléra. Les gens ont besoin de savoir à quoi ils sont confrontés, ce qu’ils peuvent faire pour aider ceux qui ont contracté la maladie, et comment ils peuvent éviter d’être contaminés.»
«Ce n’est pas surprenant que les gens aient peur du choléra lorsque c’est la première fois que la maladie se déclare dans leur communauté», ajoute Delphine Chedorge. «Pendant que nous traitons les malades, nous avons aussi besoin de faire comprendre aux gens que l’ouverture de nouveaux CTC dans leur village contribuera à stopper la progression de la maladie et à protéger leur communauté, plutôt que de leur faire courir un risque.»

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