Les populations continuent à fuir la LRA

Nzara, Sud Soudan, 05.05.2009

3 min

Ariwara – Nord est de la RDC - Située dans le territoire de Aru, dans le nord-est de la République Démocratique du Congo, la région de Ariwara reçoit depuis plusieurs semaines des milliers de personnes déplacées. Elles ont fui les régions voisines du Haut-Uélé, où l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) poursuit ses attaques.

Patrick Robitaille était responsable du projet MSF sur place. Il témoigne et partage l’inquiétude de l’équipe MSF sur l’insécurité qui persiste et les problèmes de sécurité nutritionnelle et sanitaire qui en découle.
« Je suis arrivé à Ariwara à la fin du mois de février. Il y avait alors déjà près de 12 000 personnes déplacées autour de cette ville voisine de la frontière ougandaise et 6000 s’étaient fixées vers Ingokolo, une localité distante d’une quarantaine de kilomètres vers le nord. Toutes ces personnes avaient dû fuir leurs villages en urgence et il leur était difficile d’avoir accès aux services de santé par manque de moyens financiers. D’où l’importance de mettre en place nos consultations gratuites dans ces deux sites. 
Le contact est très bon avec toutes ces populations qui sont vraiment soulagées de voir arriver l’aide. Les distributions de produits de première nécessité – jerrycans, moustiquaires, ustensiles de cuisine - ont été autant d’occasions de les écouter expliquer ce qui leur était arrivé. Pour certains, le calvaire des attaques de la LRA était permanent. L’un d’entre eux m a dit : “Ils arrivaient à l’improviste dans les villages au petit matin, prenaient la nourriture et enlevaient les jeunes enfants. Peu d’entre eux sont revenus.” Parmi les déplacés circulaient aussi de nombreuses histoires de violences allant jusqu’à l’exécution de parents essayant de protéger leurs enfants. Quant aux témoignages sur les rapts d’enfant, sur l’esclavage sexuel des jeunes filles et le pouvoir accordé par les ex-rebelles, aux vierges, ils étaient eux aussi très fréquents.
En peu de temps, nos cliniques ambulatoires sont devenues très actives, jusqu’à 500 consultations par semaine dans chacune de nos deux cliniques. Ici le manque d’hygiène est flagrant, d’où la fréquence des infections de la peau, de la galle. De même pour les problèmes respiratoires et le paludisme, autres raisons importantes pour ces déplacés de venir à la consultation.

L’insécurité est toujours aussi importante

Bien que l’on entende moins parler des attaques de la LRA, la situation s’aggrave actuellement, ce qui prouve que l’insécurité est toujours importante dans tous ces endroits isolés et non protégés. Par exemple, lors des distributions de nourriture des trois dernières semaines, la population de Ingokolo est passée de 6 à 12 000 personnes.
Ce qui est certain, c’est que les gens ont toujours tellement peur qu’ils ne songent pas à rentrer chez eux. Or la situation nutritionnelle nous inquiète beaucoup car le moment des récoltes approche. Si celles-ci ne sont pas faites, les gens vont complètement dépendre de l’aide alimentaire. D’ores et déjà, pendant les deux mois que je viens de passer sur place, ces distributions de nourriture à Ariwara et à Ingokolo étaient minimales. Toutes les personnes qui avaient fui ne pouvaient pas s’enregistrer, ayant perdu leurs papiers, et passaient donc à coté des distributions. La situation est toujours des plus critique pour cette population qui est très vulnérable.

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