«La bataille contre le choléra n’est pas gagnée»

Centre de traitement du Choléra à Cap Haïtien, Haïti, 2010

3 min

Même si le nombre d’admissions de cas de choléra dans les structures MSF à Haïti diminue, les équipes sur le terrain restent sur le qui-vive. L’évolution de l’épidémie demeure incertaine.

Alors qu’Haïti commémore le tremblement de terre de l’an dernier, la rapidité à laquelle le choléra s’est propagé semble ralentir dans le nord du pays et à Port-au-Prince. L’évolution de l’épidémie reste toutefois difficile à prévoir, et les équipes de MSF demeurent en état d’alerte.

Le nombre de nouvelles admissions diminue dans la plupart des centres de traitement du choléra MSF à Port-au-Prince, ainsi que dans les départements du Nord et du Nord-Ouest. Les chiffres demeurent stables dans la région de l’Artibonite, là où se sont déclarés les premiers cas de la maladie. Dans le sud, le nombre de patients pris en charge actuellement par MSF est relativement faible, même s’il avait légèrement augmenté dernièrement.

Dans plusieurs centres de traitement MSF, les tentes, qui auparavant étaient remplies de patients, sont maintenant vides. Le traitement contre le choléra étant efficace rapidement, les patients sont généralement en mesure de rentrer chez eux après quelques jours. Par conséquent, si le nombre de nouveaux patients est à la baisse, les activités médicales dans leur ensemble diminuent rapidement elles aussi.

Ce n’est pourtant pas une raison de crier victoire. «La diminution du nombre de patients ne veut pas dire que nous avons gagné la bataille», prévient Kate Alberti, une épidémiologiste travaillant pour MSF en Haïti. «Le choléra peut être imprévisible, surtout dans un pays n’ayant aucun antécédent de cette maladie. La pluie qui approche pourrait constituer un nouveau facteur déclencheur, de même que les troubles sociaux.»

Les manifestations et les violences sporadiques à la fin de 2010 se sont traduites par une hausse spectaculaire des cas de choléra à Port-au-Prince car elles ont privé la population de l’accès aux soins.

La première semaine de janvier, MSF a traité 5000 patients dans ses 50 structures spécialisées à travers le pays, portant ainsi le nombre total de personnes prises en charge dans des centres dirigés ou soutenus par MSF à 97000 depuis le début de l’épidémie. Ceci représente plus de la moitié des 181829 cas rapportés par les autorités sanitaires depuis que l’épidémie s’est déclarée. En outre, selon les chiffres officiels, 3759 personnes seraient décédées des suites de la maladie depuis le 22 octobre 2010.

D’autre part, MSF distribue aussi du matériel pour la mise en place de points de réhydratation orale dans des secteurs où la maladie n’a pas encore atteint son paroxysme, de même que dans les régions et villages reculés dont les besoins médicaux ne sont pas complètement couverts par les postes de santé.

Par ailleurs, MSF continue d’assurer des services médicaux essentiels et gratuits dans ses sept hôpitaux de soins secondaires ainsi que dans deux hôpitaux gouvernementaux qu’elle soutient à Port-au-Prince. L’organisation apporte des soins obstétriques aux patientes à haut risque, des soins d’urgence et de traumatologie, de même que des traitements pour les grands brûlés. En dehors de la capitale, MSF dirige un hôpital à Léogâne et offre son aide à un autre hôpital public à Jacmel.

MSF compte au sein de son personnel de terrain près de 7500 Haïtiens et 430 employés internationaux qui permettent de poursuivre les activités de ses programmes existants et la lutte contre le choléra.

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