Haïti: un hôpital en containers construit pour durer

L’hôpital édifié par MSF à Léogâne dans sa phase de construction, Haïti, 01.06.2010

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L’hôpital édifié en cinq mois par Médecins Sans Frontières à Léogâne a été inauguré vendredi 8 octobre. Les autorités haïtiennes ont assisté à la cérémonie.

La ville de Léogâne, la plus proche de l’épicentre du séisme qui avait dévasté Haïti, dispose d’un hôpital flambant neuf. Les derniers patients ont été transférés dans les containers préfabriqués au mois de septembre. Il ne manquait plus que l’inauguration. C’est désormais chose faite. Des représentants du Premier ministre haïtien, du Ministère de la Santé et de celui de la planification ont assisté à la cérémonie et visité l’hôpital. Le président de MSF Suisse, Abiy Tamrat, avait également fait le déplacement.

Depuis le terrible séisme du 12 janvier 2010, les équipes de MSF dispensaient leurs soins sous des bâches et des tentes. En attendant la construction de la nouvelle structure, le personnel soignant et les patients avaient déjà dû déménager deux fois. Les containers avaient l’avantage de pouvoir être assemblés rapidement. La structure pourra aussi être adaptée selon les besoins.

«Nous devions terminer le plus vite possible pour éviter la saison des cyclones. Normalement, il faut au moins une année pour faire aboutir un tel projet», explique Guillaume Queyras, responsable de la logistique à MSF. Au final, le chantier aura duré cinq mois.

Les containers offrent une surface de 1700 m2, 120 lits, deux blocs opératoires, un service de radiologie, sept salles de consultation… Le bâtiment est aussi autonome en eau et en énergie. La construction aura coûté 2 millions de dollars et les frais de fonctionnement sont estimés à 7 ou 8 millions de dollars par an, ce qui comprend les salaires des 400 collaborateurs.

Accouchements et accidents de la route

Malgré les destructions provoquées par le séisme, le quotidien a rapidement regagné ses droits dans la région de Léogâne. Depuis le mois de mars, les hospitalisations recensées par MSF ne sont plus directement liées au tremblement de terre. Une fois les routes déblayées, le trafic a repris. Les accidents aussi. «Nous recevons trois ou quatre accidentés par jour. Les gens se déplacent beaucoup à moto. Les blessures sont donc très graves. Quand un bus est impliqué, nous avons des dizaines de blessés», expose Stéphane Reynier de Montlaux, le chef de la mission MSF à Léogâne.

Mais ce sont les accouchements et les éventuelles complications qui constituent le cœur des activités de MSF. «Cela représente 80% des admissions d’urgence», indique Stéphane Reynier de Montlaux. L’hôpital de Léogâne prend aussi en charge les violences sexuelles et dispose d’un service de planning familial.

«Cet hôpital est considéré par les habitants comme une bénédiction, assure le chef de mission. Avant le séisme et notre arrivée ici, cela faisait deux ans qu’il n’y avait plus aucune structure de santé dans la région. Il existait une clinique privée à Léogâne. Malgré les besoins énormes, elle a fait faillite faute de clients. Pas étonnant quand on sait que 70% de la population haïtienne vit avec moins de deux dollars par jour et qu’une césarienne coûte environ 125 dollars, rien que pour l’acte médical.»

Reprise par les autorités haïtiennes?

La durée de vie de l’hôpital est estimée à cinq ans minimum. Dix ans si la structure est bien entretenue. MSF espère que les autorités haïtiennes reprendront les containers ou construiront un nouvel hôpital sur le même site. «Nous avons eu des discussions informelles avec le gouvernement. Il y a un intérêt. Mais les négociations ne font que commencer et nous insisterons pour que les soins continuent d’être gratuits», conclut Stéphane Reynier de Montlaux.

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