Soudan du Sud, 21.04.2013
Soudan du Sud, 21.04.2013
© Yann Libessart/MSF

Santé materno-infantile : des soins vitaux

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 800 femmes meurent chaque jour de causes évitables liées à la grossesse et à l’accouchement. Parmi ces décès maternels, 99% surviennent dans des pays à faible revenu, notamment dans le milieu rural et dans les communautés les plus pauvres. De plus, la santé de la mère et celle du nouveau-né sont étroitement liées. Près de 3 millions de nouveau-nés meurent chaque année.

La grossesse, l’accouchement et les premières semaines de vie du bébé sont des périodes à risque à la fois pour la femme et le nouveau-né. Un suivi médical avant, pendant et après l’accouchement peut leur sauver la vie. Si la plupart des missions prennent en compte ces périodes cruciales, plusieurs programmes mis en place par Médecins Sans Frontières leur sont spécifiquement dédiés.

La mortalité maternelle a pratiquement diminué de moitié à l’échelle mondiale entre 1990 et 2013, mais d’immenses progrès restent à faire notamment en Afrique sub-saharienne. Améliorer la santé maternelle est l’un des huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Activités principales

  • Suivi de la grossesse (consultations prénatales)
  • Pratique d’examens pour diagnostiquer et traiter les grossesses à risques de complications
  • Assistance pendant l’accouchement
  • Référence vers un centre spécialisé si besoin
  • Suivi de l’état de santé de l'enfant

Intégration des projets de santé materno-infantile

Dans les pays à revenu faible, l’axe mère-enfant est en effet un levier fort pour réduire la mortalité. L’organisation propose un volet santé materno-infantile dans la plupart de ses projets. Si le niveau de soins anténatals a globalement augmenté au cours de la dernière décennie, près de la moitié des femmes des pays à faible revenu accouchent sans l’assistance d’une sage-femme, d’un médecin ou d’une infirmière qualifiée.

La majeure partie des décès maternels, c’est-à-dire ceux qui ont lieu pendant la grossesse ou au moment de l’accouchement, sont évitables car on dispose des solutions médicales permettant de prévenir ou prendre en charge les principales complications (hémorragies de la délivrance, infections, hypertensions durant la grossesse qui provoquent pré-éclampsies et éclampsies, avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité, ou complications associées à des maladies comme le paludisme et le VIH).

La disparition d’une mère est le principal facteur de risque pour l’enfant. La prise en charge démarre donc dès la conception, par un suivi de grossesse et des accouchements assistés pour prévenir toutes complications.

Dr Marie-Claude Bottineau, responsable médicale de l’unité santé materno-infantile à MSF

Bénéficier d’un suivi pendant la grossesse et de l’assistance d’un personnel qualifié lors de l’accouchement permet de réduire grandement ces décès. L’accès aux soins au cours des semaines qui suivent l’accouchement est également primordial, car c’est à ce moment-là que se trouvent les pics de mortalité maternelle et néonatale.

Au sein des maternités de MSF, les nouveau-nés bénéficient des soins essentiels :

  • réanimation néonatale
  • évaluation systématique de l’état de santé du nouveau-né
  • prévention de l'hypothermie, mise en place de l’allaitement exclusif
  • mesures préventives de routine
  • prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant
  • traitement des infections néonatales

Les équipes proposent également une conduite à tenir à la mère (alimentation et soins corporels) ainsi qu'un schéma de consultation afin qu'elle et son enfant bénéficient d'un suivi médical correspondant à leurs besoins. Dans tous nos projets sur le terrain, nous nous focalisons aussi sur la formation du personnel médical national et le développement d’activités communautaires, dans le but d’être au plus près des besoins et de renforcer les capacités du système de santé du pays d’intervention.

Lieux des opérations

Que ce soit dans des contextes de conflits, suite à des catastrophes naturelles ou lorsque l’accès aux soins est difficile, les femmes enceintes et les nourrissons ont besoin d’assistance.

Les dernières maternités que nous avons ouvertes se situent à Hassakeh en Syrie, à Mossoul en Irak, et à Likoni au Kenya. Nous gérons également - depuis plusieurs années - une maternité à Agok au Soudan du Sud, à Nduta en Tanzanie et dans les camps de réfugiés de Dadaab au Kenya dans lesquels nous nous focalisons sur l’amélioration de la prise en charge des nouveau-nés.

Avec près de 250 000 accouchements en 2016, MSF est sans doute la plus grande maternité du monde ! Nos équipes effectuent plus de 700 000 de consultations anténatales par an.

Avancées récentes en matière de soins

Au fil du temps, MSF adapte les protocoles de soins pour les femmes enceintes. Des stratégies préventives sont développées dans de nombreux contextes, avec des résultats positifs : mise sous ARV des femmes séropositives pour éviter la transmission du virus de la mère à l’enfant (PMTCT option B+), vaccination  des nouveau-nés contre l’Hépatite B, dépistage et traitement des lésions précancéreuses du cancer du col de l’utérus, par exemple. Lors de l’accouchement également, en cas d’accès impossible à une structure sanitaire pouvant effectuer une césarienne en urgence, les équipes sont formées à la symphysiotomie (élargissement du cartilage du bassin) ou à l’utilisation de matériel tel que le ballon de Bakri pour contenir les hémorragies post-partum.

Principaux défis

La difficulté principale est la compétition des besoins auxquelles doivent faire face les équipes. Dans des camps de déplacés par exemple, les besoins en santé materno-infantile constituent une urgence parmi d’autres : besoins en soins de santé primaires, nutrition, épidémies… Dans ces contextes, MSF pare au plus urgent en mettant en place des services d’obstétrique d’urgence et en organisant des césariennes pour les accouchements difficiles. Ces services nécessitent en revanche d’importants moyens, d’un fonctionnement des structures 24 h sur 24 ainsi que d’un personnel formé.

Dans certains contextes, nous faisons face à des obstacles juridiques. Au Honduras par exemple, nous effectuons un travail de plaidoyer auprès du gouvernement pour que la pilule du lendemain (interdite depuis 2009) soit à nouveau autorisée pour les cas de viols. Dans d’autres pays, l’avortement est une des premières causes de mortalité des jeunes femmes. Nous savons aujourd’hui que le nombre d’avortement n’est pas lié au fait que sa pratique soit légale ou non, mais qu’en revanche la pratique dans l’illégalité augmente le risque de morbidité et de mortalité pour les femmes. C’est un sujet sur lequel nous travaillons actuellement dans le but de réduire la mortalité maternelle et qui doit être traité dans le cadre de l’amélioration de l’accès aux méthodes contraceptives permettant aux femmes de choisir le nombre d’enfants qu’elles désirent et le moment le plus approprié de leur venue au monde.

Pour réaliser l’ensemble de ces projets en garantissant une bonne qualité des soins, nous avons besoin de sages-femmes, de gynécologues et d’obstétricien qualifiés et expérimentés. Leur formation est aujourd’hui une de nos priorités.