Syrie: un demi-million de personnes prises au piège par les bombardements

« Il s’agit de l’un des mois les plus sanglants depuis la terrible attaque aux armes chimiques d’août 2013 »

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Des hôpitaux de fortune soutenus par MSF ont rapporté une série d’afflux massifs de victimes durant vingt journées consécutives. D’intenses bombardements ont eu lieu en août sur des marchés et des bâtiments civils dans les communautés assiégées de la Ghouta orientale, près de Damas. Chaque jour pendant cette période, au moins 150 personnes ont été soignées pour des blessures de guerre. En parallèle, trois nouvelles zones au nord de Damas, où vivent au moins 600 000 personnes, ont été assiégées.

Entre le 12 et le 31 août, 13 hôpitaux de fortune soutenus par MSF dans la région assiégée de la Ghouta orientale rapportent avoir été presque constamment submergés par les cas de traumatismes violents. Dans cinq hôpitaux dans lesquels MSF dispose de données précises les afflux massifs de blessés se sont traduits par 160 décès et 1059 blessés. Environ une victime sur cinq était un enfants de moins de quinze ans. . Etant donné que l’intensité des bombardements a temporairement coupé les lignes de communication, MSF ne dispose pas encore de données précises pour les autres structures médicales qu’elle soutient.
« Il s’agit de l’un des mois les plus sanglants depuis la terrible attaque aux armes chimiques d’août 2013, détaille le Dr Bart Janssens, Directeur des opérations de MSF. Les hôpitaux que nous soutenons sont des structures de fortune, où obtenir des médicaments est une entreprise dangereuse et difficile, et il est impossible d’imaginer qu’ils aient pu être capables de gérer un afflux de blessés de cette ampleur avec de telles contraintes. Les efforts permanents des médecins syriens pour sauver des vies en ces circonstances inspirent le respect, mais la situation qui y a mené est totalement scandaleuse ».

Deux millions de personnes vivent assiégées

En parallèle, les sièges autour de Damas se sont à la fois renforcés et étendus. Trois nouvelles zones au nord de Damas (All Tall, Hameh et Qoudsaaya) où vivent au moins 600 000 personnes sont assiégées depuis le 22 juillet. Cela signifie que les gens sont arrêtés et fouillés et qu’aucun approvisionnement ne s’y fait que ce soit pour du matériel médical, de la nourriture, du carburant ou d’autres biens essentiels.. Par ailleurs, les sièges les zones telles que Mouadamiyieh se sont renforcés et tous les mouvements des piétons vers l’intérieur et l’extérieur de la zone sont interrompus. Plus que jamais, les évacuations médicales des zones assiégées sont devenues impossibles, même pour les patients qui ont un besoin urgent de soins médicaux vitaux.
« Nous sommes informés d’environ 400 amputations effectuées dans la Ghouta orientale en août, explique le Dr Janssens. Beaucoup de personnes auraient pu éviter l’amputation si les soins médicaments dans les zones assiégées n’étaient pas si désespérément limités. Au travers de réseaux médicaux, nous avons toujours la possibilité de faire passer du matériel et des médicaments à travers les lignes des sièges, mais c’est de plus en plus difficile ».

MSF poursuit son soutien

MSF organise en urgence le réapprovisionnement des stocks des pharmacies en médicaments essentiels, y compris plus de 5000 poches de fluides pour intraveineuse et plus de 1500 poches de sang.
Environ deux millions de personnes vivent dans des zones assiégées telles que la Ghouta orientale où la violence et les privations des biens de première nécessité sont la réalité au quotidien. Quatre millions de Syriens ont fui la Syrie. Des millions se sont réfugiés dans les pays avoisinants, et des milliers risquent la mort et la détention sur la route de l’Europe.
Dr Janssens poursuit : « Août était le pire mois que nous ayons vu d’un point de vue médical, explique le directeur d’un hôpital soutenu par MSF dans l’une des zones assiégées. Toute personne qui n’est pas blessée ou morte peut s’estimer heureuse. Stop à la mort et au siège. Stop au sang et à la misère. Stop ».
MSF gère six structures médicales dans le nord de la Syrie et soutient directement plus de 100 postes de santé et hôpitaux de fortune à travers le pays, avec une attention particulière sur les zones assiégées. Il s’agit principalement d’hôpitaux de fortune sans personnel MSF, où l’organisation offre du soutien matériel ainsi que des formations médicales à distance pour aider le personnel médical syrien à gérer ces besoins médicaux extrêmes.

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