RD Congo: situation toujours critique

Alors que les besoins médicaux sont énormes, les gens doivent se démener pour accéder au niveau le plus élémentaire des services de santé.

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Des décennies de conflits et un manque d'investissement de la part du gouvernement ont entravé l’accès aux soins de santé primaire pour la population de la République démocratique du Congo (RDC). Le point sur les activités de MSF à la veille des élections présidentielles et législatives du 28 novembre.

Le contexte à l’est de la RDC est encore instable, marqué par des changements d'alliances entre groupes armés, d’incessantes opérations militaires, l'instabilité, l'insécurité, le banditisme et la violence. Les attaques contre les civils et les organisations humanitaires sont nombreuses rendant la population et les travailleurs humanitaires de plus en plus vulnérables. Viols, assassinats, enlèvements et actes de violence sont le lot quotidien de millions de personnes. L'instabilité continue de pousser les gens à quitter leur domicile et limite la capacité de MSF à fournir des soins vitaux et gratuits.
Le manque d'investissement dans le système de santé se traduit par un manque d'infrastructures et de personnel médical correctement formé, à travers le pays. Alors que les besoins médicaux sont énormes, les gens doivent se démener pour accéder au niveau le plus élémentaire des services de santé.
«Pour avoir accès aux soins, les patients doivent souvent marcher plusieurs heures», explique Christine Buesser, chef de mission MSF. «Imaginez une femme enceinte portant un autre enfant sur le dos. Ces distances sont très difficiles à surmonter. C’est un véritable défi de se rendre dans une structure de santé.»
Le fait que le système de santé a été négligé pendant des décennies a entraîné une hausse des taux de mortalité materno-infantiles à travers le pays. L'espérance de vie y est parmi les plus faibles au monde.

Les épidémies, une urgence permanente

Des contraintes logistiques dues à l’immensité du pays, un manque d'investissement dans les établissements de santé et des agents de santé sous-formés ont fragilisé les mesures nationales de prévention des maladies.
Le dysfonctionnement du programme élargi de vaccination (assurant la vaccination de routine) ainsi que l'absence de stratégies de vaccination créent une situation d'urgence sanitaire permanente dans le pays et des épidémies pourtant évitables (choléra, rougeole et paludisme) font de nombreuses victimes parmi la population congolaise.
Le paludisme est la principale cause de morbidité et de mortalité en RDC. Les équipes médicales MSF ont traité un nombre important de patients en 2011, représentant un tiers des consultations dans les structures où MSF intervient.
Depuis la fin 2010, une épidémie de rougeole s’est déclarée en RDC. Plus de 14 millions d'enfants ont été vaccinés, dont plus de trois millions par MSF. Cependant, cette réponse en urgence n'a pas arrêté l'épidémie et quatre des onze provinces n'ont toujours pas été couvertes par les campagnes de suivi.
Depuis avril 2011, MSF a répondu à une épidémie de choléra le long du fleuve Congo et dans la capitale Kinshasa, en assurant le traitement des patients ainsi que la construction de structures appropriées. La menace d'une épidémie de choléra combinée au début de la saison des pluies en août est particulièrement préoccupante dans les centres urbains densément peuplés, sans système d'assainissement adéquat.

Nécessité d’un engagement durable dans la lutte contre le VIH/sida

En RDC, seulement 12% des patients séropositifs reçoivent un traitement antirétroviral (ARV), et 95% des femmes vivant avec le VIH/sida n'ont pas accès à un traitement de prévention de la transmission de la maladie à leur enfant à naître.
Mais d'ici la fin de l'année 2011, plusieurs grands organismes donateurs cesseront de financer des programmes VIH/sida. En outre, le Fonds mondial, plus grand mécanisme de financement dans la lutte contre le VIH/sida, fait face à un déficit financier important de la part des pays donateurs.
Le retrait des donateurs actuels pourrait laisser 10 000 patients sans traitement en RDC et empêcher davantage de gens d'accéder à un traitement, menaçant ainsi d’anéantir tous les progrès réalisés depuis l'introduction des ARV dans le pays.

La maladie du sommeil, une préoccupation majeure

La moitié de tous les cas de trypanosomiase africaine humaine (ou maladie du sommeil), une maladie négligée et fatale est répertoriée en RDC, en particulier dans les districts du Haut- et Bas-Uélé dans le nord-est de la Province orientale. La prévalence peut atteindre 5% dans certaines régions, bien au-delà du seuil de 0,3% nécessaire pour la considérer comme un problème de santé publique.
La maladie est transmise aux humains par la piqûre de mouches tsé-tsé infectées et s’avère mortelle si elle n’est pas prise en charge. Déplacements et instabilité ont contribué à sa propagation et le manque de routes rend les patients difficilement accessibles.
Depuis 2007, MSF a traité une moyenne de 1 000 patients par an. Dans les trois prochaines années, les équipes prévoient de plus amples missions exploratoires afin d’atteindre davantage de patients et de diminuer la prévalence de la maladie du sommeil dans la région.
En 2011, plus de 2 500 membres du personnel MSF travaillent dans 10 des 11 provinces de la RDC pour fournir gratuitement des soins de santé vitaux. MSF travaille dans le pays depuis 1981.

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