Niger: Des mamans porteuses de lumière

Responsabiliser les mères, c’est croire en elles, leur donner les moyens de lutter contre un fléau qui, malheureusement, tue encore chaque année

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Dans le petit village de Doney, près de Madaoua dans le sud du Niger, des mères se rassemblent à l’ombre de deux grands arbres pour assister à une démonstration culinaire. Deux Mamans Lumière vont leur apprendre à préparer une bouillie enrichie avec une pâte d’arachide.

Au Niger, chaque année, la population doit faire face à plusieurs mois critiques, entre juillet et octobre, au moment de la soudure, quand les stocks de nourriture touchent à leur fin et que la prochaine récolte n’est pas encore rentrée. Cette période, qui coïncide avec une période de forte prévalence du paludisme, est tout à fait critique pour les plus jeunes enfants.
Au cours des dernières années,  les programmes de réduction de la mortalité infantile ont incorporé plus de volets préventifs et de travail au niveau communautaire. MSF a lancé en 2013 l’initiative des Foyers d’Apprentissage, de Réhabilitation et de Prévention Nutritionnelle (FARPN) dans les districts de Madaoua et Bouza et la population a tout de suite constaté les avantages de cette initiative.
“Nous avons de moins en moins d’enfants qui souffrent de malnutrition aiguë. Avant, nos femmes devaient faire des kilomètres pour amener leurs enfants malades à Madaoua  et elles vendaient les réserves de semences pour couvrir les frais de transport. Maintenant, les choses ont changé grâce à ce programme. Cette initiative a permis à nos femmes de s’unir pour prendre en main leur destinée et celle de nos enfants. Concrètement, cette stratégie est facile car elle est adaptée à notre réalité”, explique Issa Kadri, chef du village de Doney.
“Le programme repose sur le principe d’un ‘modèle à suivre’ pour éviter que la mère ne dispense des soins inappropriés à son enfant. Ainsi, nous faisons en sorte de prévenir au sein même de la famille les pratiques susceptibles de causer des maladies ou une mauvaise alimentation, deux causes directes de la malnutrition”, explique Núria Salse, spécialiste en Nutrition de MSF.
Nous identifions une femme dans la communauté qui a des enfants en bonne santé et qui sait bien s’occuper de leur santé : elle tient à jour leur carnet de vaccination, se rend au centre de santé quand il le faut, et respecte quelques règles de base en matière d’hygiène et de nutrition. Cette femme est chargée d’encourager d’autres mères à adopter ces pratiques en leur expliquant les avantages. Elle devient ainsi la mère qui apporte la lumière aux autres, “la maman lumière du village”. Pour suivre correctement l’état nutritionnel des enfants, on a appris aux “mamans lumière” et aux mères qui participent au programme à utiliser le MUAC (Measuring Mid-Upper Arm Circumference), un bracelet qui mesure le périmètre brachial des enfants et indique s’ils souffrent de malnutrition.
«Responsabiliser les mères, c’est croire en elles, leur donner les moyens de lutter contre un fléau qui, malheureusement, tue encore chaque année», explique Luis Encinas, coordinateur des Opérations pour l´Afrique Occidentale de MSF. «C’est un outil de plus dans la lutte contre la malnutrition infantile, qui permet aux familles de participer activement à l’amélioration de l’état de santé de leurs enfants, avec les moyens dont ils disposent, et qui complète les programmes de traitement », poursuit-il.
MSF travaille au Niger depuis 1985. Ses activités ont pour principal objectif d’améliorer l’accès aux soins de santé des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes, par l’intermédiaire d’activités de prévention et de traitements  précoces pour combattre la malnutrition et le paludisme. Les équipes de MSF travaillent actuellement dans les régions de Zinder, Maradi et Tahoua.

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